✖ CHARLIE TURNER AND DIMITRI ROZANOV ✖
« a weather man to brighten your day »

Les Turner ont la fibre télévisuelle, c’est indéniable. Fille d’un producteur de télévision et d’une ex-speakerine de la BBC, petite fille d’une ancienne vedette du petit écran et sœur d’une présentatrice culinaire aussi mignonne qu’un cupcake, je suis comme qui dirait l’exception à la règle. Oh, j’ai bien fait la fierté de mon père le jour où j’ai accepté de promouvoir mon travail d’écrivain lors d’une émission de sa chaîne… Mais étant donné la tournure apocalyptique de cet événement, nous évitions toujours d’en faire mention. Cela n’empêchait pas les quelques allusions de ses collègues lorsque je m’aventurais sur les studios pour aller à sa rencontre. « Hé, Charlie ! Tu nous refais quand ton imitation du prince Charles ? »  « Je vois que la légende de Charlie Turner est toujours à l’honneur dans vos couloirs... mais dites moi Harry, où est celui qui m’a un jour jetée dans la gueule du loup ? » « CHARLIE ! » « Laissez tomber, je crois que j’ai trouvé… » Pour expliquer cet élan d’enthousiasme, il faut savoir que mon père me bassinait depuis des semaines avec un certain Dimitri. Présentateur météo sur la même chaine que lui, il me parlait de lui comme le meilleur parti de Londres et trépignait de me le présenter. Si Dimitri n’était pas le premier que mon père décrivait comme le gendre idéal, il avait – contrairement aux autres – l’avantage de me ravir l’œil à chacune de ses interventions devant la carte de notre si belle Angleterre. J’avais alors fini par me convaincre que, par miracle, mes parents avaient finalement réussi à mettre le grappin sur leur futur beau fils. Mon père me serra fort dans ses bras. « C’est un stratagème pour reconquérir maman cette apparence de gelée à la groseille ? » Depuis que ma mère l’avait quitté, mon père comblait sa perte avec des aliments particulièrement gras et sucrés, lui offrant en retour une masse corporelle qu’on ne lui avait jamais connue. « Si tu es venue aux studios pour te montrer méchante avec ton vieux père, tu peux aller voir ailleurs. » Je lui donnai une tape sur l’épaule avant de me pencher pour lui embrasser la joue. « Bon sang, même ta peau a le goût de la gelée… » Il s’écarta de moi comme de la peste et aperçu derrière mon épaule quelque chose qui illumina son visage. « DIMITRI ! » s’écria t-il alors. Il se précipita vers l’intéressé en me bousculant au passage, et j’aperçus enfin le fameux présentateur en chair et en os. Si Dimitri avait la mine de celui qui ne veut surtout pas être dérangé, il se laissa malgré tout entraîné jusqu’à moi. « Charlie, laisse moi te présenter Dimitri, notre petit prodige venu de Russie. Dimitri, voici ma fille Charlie, auteure de… écrivain, quoi. » Il nous fila une tape sur l’épaule avant de s’éclipser, tout fier de nous laisser dans l’embarras. « Hum, j’écris une fiction pour The Independent, en fait. Le journal. »

UC  

Codages par Shiya (c)