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 [TTR] sunday morning, and i'm falling

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Clay W. Altman

Clay W. Altman

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MessageSujet: [TTR] sunday morning, and i'm falling   [TTR] sunday morning, and i'm falling EmptyMer 3 Juil - 0:32

Je sens que la lumière du soleil perce à travers les rideaux de ma chambre, et détourne la tête, peu désireux de quitter mon lit. Cameron est toujours contre moi, les draps peinant à masquer sa nudité qu'il m'a été donné d'admirer au cours de la nuit. D'ordinaire, je ne suis pas du genre à m'attarder après avoir passé la nuit avec une femme. Je ne pousse pas la goujaterie jusqu'à les virer sitôt notre désir satisfait, en leur laissant un peu d'argent pour le taxi et en leur souhaitant bon courage, non. Mais bien souvent, tous les prétextes sont bons pour les faire déguerpir en toute diplomatie – un rendez vous important, une course à faire, un enterrement à l'autre bout de la ville. Mon frère imaginaire s'est marié trois fois en deux ans, pour tous vous dire. Ce matin, cependant, je suis partagé. La nuit que nous avons passée était des plus agréables, nul doute là dessus, mais pour la première fois depuis longtemps, j'ai senti que je m'investissais plus que d'habitude. Je voudrais qu'elle parte, parce qu'elle me plaît, j'en suis certain à présent, et c'est toujours source d'emmerdements – et je voudrais qu'elle reste, pour les mêmes raisons. Au cours de la nuit, je me suis levé pour aller fumer une clope dans la cuisine, je me torturais trop les méninges pour dormir. Peut être que l'après m'ôtera ce désagréable sentiment d'indécision. Un détail prosaïque, une phrase me déplaira, comme c'est souvent le cas, et mon envie de la revoir s'envolera. Mais j'en doute, tandis que je sens à mes côtés qu'elle se réveille à son tour. Ma main repose sur son épaule nue, et je dépose un léger baiser sur son front. «Bonjour.» Je lui souris et songe que les femmes ne sont jamais plus belles qu'au réveil, apaisées et dépouillées de tout artifice. Non, vraiment, je n'ai pas envie de rompre cet instant pour retourner au quotidien de nos vies, même s'il faudra bien s'y résoudre incessamment sous peu. Je l'attire contre moi d'une main. «Ca va, tu n'as pas trop de remords d'avoir laissé ta secrétaire en plan?» Une façon à peine détournée de savoir si, une fois l'alcool et la nuit laissés derrière elle, elle ne trouve pas que, vraiment, s'offrir à un type comme moi était bel et bien la connerie du siècle. Je me rappelle que cette nuit, avant que nous ne laissions emporter par le désir et que nous cessions enfin de parler, elle m'a demandé de la rappeler. Mais encore une fois, le jour et la nuit sont parfois infiniment différents.

Cameron rit, mais je la sens nerveuse, comme elle l'était hier au Claridge's - mais je ne me permets pas de la juger sur ce point. Si j'ai des raisons de me torturer le cerveau, les siennes sont et plus nombreuses et plus légitimes. Il ne manquerait plus qu'on fasse un concours, tiens. Mais elle dit que non, et j'accepte ce simple mot et ce qu'il implique comme réponse. «Et toi ?» J'arque un sourcil, pas très sûr de comprendre ce qu'elle me demande par là. Est ce qu'elle parle de ce qui s'est passé entre nous ou de l'abandon de ma propre secrétaire fictive? Aussitôt elle rougit, confuse et adorable, et s'excuse à mi-mot. «Oublie, cette question est absurde» Je ris en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, un geste que je n'ai plus l'habitude de faire, avec personne. C'est dingue à quel point on peut encore se surprendre – dingue dans le genre terrifiant. «Il n'y a que ma sœur que j'ai laissée en plan, mais vu que la soirée était en son honneur, je pense qu'elle s'en est remise.»  Je ne sais plus si j'ai déjà ne serait-ce que mentionné l'existence de ma sœur devant Cameron, mais qu'importe. «Donc, non.» Quelles raisons aurais-je de regretter cette soirée? A priori, j'en suis le grand gagnant – je la voulais, je l'ai eue, et sans même avoir eu à déployer mille efforts stratégiques. Mais le problème, là , maintenant, c'est que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il faut faire. J'ai tellement l'habitude  de les virer illico presto que je suis relativement ignorant des us et coutumes du matin. Elle aussi, de toute évidence, et je suppose donc que nous ne serons d'aucune aide l'un pour l'autre. Je me redresse sur un coude, regarde autour de moi, puis retrouve ses yeux. «Tu veux quelque chose, un café? J'ai du café vraiment abominable, mais sinon il reste un fond de whisky...» Je ris un peu et passe une main sur mon visage, tentant de me réveiller une bonne fois pour toutes, parce que là, je suis complètement à l'ouest. «Désolé, je raconte n'importe quoi. Mais tu étais vraiment... étonnante hier soir.» «Étonnante?» Comme d'habitude, elle semble réellement surprise du compliment, c'est quand même assez incroyable, cette capacité d'aveuglement qu'elle doit avoir pour ne pas réaliser qu'elle a à peu près tout pour plaire. Même à moi, qui n'avait jamais vraiment ciblé une femme comme elle auparavant. Peu à peu rattrapée par son naturel timide, elle me raconte que cette nuit était en quelque sorte une première pour elle, et qu'avant même d'être mariée, elle n'était pas coutumière de ce type d'expériences. A force d'enchaîner les étreintes rapides, nuit après nuit, les corps se mécanisent, les automatismes s'installent et fatalement, la tendresse et l'urgence du désir s'estompent. Grâce à elle, j'ai redécouvert  des plaisirs oubliés, que les légions de mes partenaires anonymes avaient relégués loin, très loin, dans les recoins de mon cerveau. Mon cerveau que je résous d'ailleurs une bonne fois pour toutes de mettre en veille jusqu'à son départ, dont je ne sais s'il est imminent ou au contraire, repoussé à plus tard. Elle refuse en riant mon offre pourtant tout à fait honnête de vider les restes de whisky en cette heure matinale, tandis que ses doigts se promènent timidement sur ma clavicule. Et puis elle se redresse, gênée – je n'aurais pas la prétention d'affirmer que je la connais déjà intimement, mais depuis notre rencontre, j'ai si souvent observé ses expressions faciales que je devine qu'elle est présentement en grande cogitation. Moi aussi, remarque, mais j'ai des années d'expérience au théatre qui jouent en ma faveur. Pourtant, je ne peux empêcher ces questions idiotes de me tourner autour, comme des moustiques particulièrement emmerdants. Est ce que je dois lui dire que j'aimerais qu'elle reste? Est ce qu'il n'est pas préférable pour moi que je la vire comme les autres, même si l'idée me déplait au plus haut point? Je n'ai pas la moindre idée de ce que je suis censé faire, on ne me l'a pas appris, et si je n'en laisse rien paraître, je me sens complètement idiot.

«Par contre, je ne suis pas contre quelque chose à manger» Voilà, tiens, voilà quelque chose de normal qu'on est censé faire le matin, non? Je fronce les sourcils en tentant d'évaluer de mémoire la contenance de mes placards, mais Cameron est déjà levée, enveloppée du drap. Je contiens mon envie de l'attirer auprès de moi, et de retarder le moment où nous devrons nous avouer notre incompétence mutuelle. Avant de quitter la chambre, elle m'embrasse, brièvement, et ça aussi, c'est nouveau. D'ordinaire, le matin, je coupe court à tout contact physique qui pourrait laisser entendre autre chose que «j'aimerais vraiment que tu partes, maintenant.» A regret, je m'extirpe hors du lit, et enfile mon pantalon, abandonné au sol la veille. J'entends Cameron me demander depuis la cuisine si j'ai faim. «Pas particulièrement, mais ne te gêne pas.» Lorsque j'entre dans la pièce, je la trouve plantée devant le frigo ouvert, de toute évidence perplexe. Amusé, je me penche par dessus son épaule et examine à mon tour l'intérieur de la bête. «Si c'est un petit déjeuner que tu cherches, il n'est probablement pas dans mon frigo.» Je vais pour m'asseoir au comptoir de la cuisine, lui effleurant la taille au passage et embarquant mon paquet de clopes par la même occasion. J'en coince une entre mes lèvres et ajoute: «En bon artiste prétentieux qui se respecte, je ne me nourris que de whisky et de sushis. Mais je dois bien avoir des œufs et des fruits qui trainent.» J'allume ma cigarette et songe que nous sommes vraiment deux handicapés, et ça me fait rire. Après avoir enclenché la cafetière, je vais m'adosser contre le frigo, toujours ouvert, et attends de croiser son regard. «Il nous faudrait un guide, je crois.» Anticipant son regard interrogateur, je précise aussitôt: «Tu sais, un truc comme 'Le Lendemain pour les Nuls'. Pour celles qui n'avaient jamais cédé à ces hommes qui parlent trop et qui persévèrent à les draguer...» Je rejette des volutes de fumée dans la direction opposée. «Et pour ceux qui n'ont pas envie qu'elle reste, d'habitude.» Passant du coq à l'âne, mon regard se tourne vers le frigo. «Tu trouves ton bonheur, ou tu te résignes à mon café de renommée mondiale?» La porte du frigo se rabat dans un claquement sec tandis que l'agitation interne de Cameron vient d'atteindre un pic – je me trompe peut être, mais je commence à reconnaître ces phases qui vont et viennent, et qui me donnent l'envie très agaçante de savoir ce qui lui passe par la tête dans ces moments là. Elle ne répond rien, mais ma remarque, loin d'être anodine, l'a troublée. Il faut dire que depuis que je la connais, j'atteins des records d'honnêteté encore inégalés en vingt neuf ans de carrière. Moi-même, je suis plutôt surpris d'avoir exprimé aussi directement le fond de ma pensée. Elle se mord la lèvre, comme elle le fait si souvent. Je ne peux que supposer quant à la nature du dilemme qu'elle éprouve, mais j'imagine que rester concrétiserait en quelque sorte cette réalité indéniable – qu'elle a, pour la première fois depuis la mort de son mari, passé la nuit avec un autre homme. «Tu veux que je reste?» Elle pose une main mal assurée sur ma joue et ses yeux accrochent les miens, inquisiteurs. Alors voilà, nous y sommes. Deux choix s'offrent à moi, sans la moindre chance de revenir en arrière. Je peux lui dire que non, pas vraiment. Assumer le rôle du connard que j'ai endossé un nombre incalculable de fois, la rejeter froidement et, en m'assurant ainsi de ne plus la revoir, nous épargner à tous deux les inévitables complications – aucun risque, aucune prise de tête. Ou alors, je peux sauter dans le vide et opter pour la franchise. Parce qu'en vérité – je me l'avoue maintenant car je serais bien capable de le nier dans quelques heures – j'ai envie de la revoir encore une fois, et peut être même une autre fois. C'est arrivé avec deux ou trois filles, et invariablement, les choses ont très mal fini, parce que je suis particulièrement doué pour foutre en l'air tout ce qui pourrait me réussir. Mais Cameron coupe court à mes tergiversations lorsque, se hissant sur la pointe des pieds, elle m'embrasse, presque avec timidité. Voilà qui risque d'altérer sérieusement mon jugement. Je lâche la cigarette que j'avais encore en main dans l'un des nombreux cendriers qui peuplent mon intérieur, je l'attire un peu plus contre moi, et je lui rends son baiser, envoyant au diable toutes mes règles de prudence élémentaire. Une main caressant sa nuque, je lui souris, encore une fois touché par ce je-ne-sais-quoi qu'elle dégage. «Oui, j'aimerais que tu restes.» C'est dit, voilà. Je réajuste le drap duquel elle s'est entourée, qui menace sérieusement de tomber, et lui vole un dernier baiser rapide. «Ne me demande pas de le répéter, et fais attention avec ça, tu vas me donner envie de te ramener dans ma chambre.» Sitôt la menace proférée, je tente de reconnecter mon esprit à la situation de base – cuisine, nourriture, tout ça. Se laisser aller à trop de sentimentalisme, surtout pour un novice, n'est résolument pas sage. La cafetière sonne, et je me détache de Cameron pour sortir deux tasses du placard et les remplir. Je regarde autour de moi et fronce les sourcils. «Bon, du coup, je suis censé te nourrir, si j'ai bien compris.» Je lui adresse un sourire d'excuse et ajoute: «Ecoute, je te laisse fouiller, si tu trouves quoi que ce soit de mangeable, sers toi.» Après avoir récupéré ma clope et bu quelques gorgées de café qui me remettra peut être les idées en place, je m'assieds sur l'un des tabourets et l'observe, sans retenir un sourire, parce que mine de rien, l'inédit de la situation m'amuse. «Tu pourras toujours de vanter d'avoir passé la nuit chez l'acteur de Raison et Sentiments et d'avoir constaté par toi même qu'il est un hôte pitoyable, en plus de tous ses autres défauts bien connus.»

C'est tout de même incroyable, cette aisance qu'elle a de rougir presque sur commande, pour un oui pour un non, dès qu'on la complimente ou dès qu'elle s'autorise à oser une remarque indiscrète ou personnelle. Je devrais peut être la présenter à mes élèves, ces inaltérables empotés qui sont eux, pour la plupart, incapables d'exprimer sans mots toute émotion un tant soit peu complexe. Elle rougit beaucoup et parle avec parcimonie, mais à présent, elle semble plus à l'aise, peut être rassérénée de savoir que je ne la foutrai pas dehors sans états d'âme, seule avec les restes de son honneur sur les bras – je le vois dans ses gestes, dans ses yeux, dans ses sourires hésitants. Elle s'empare d'une pomme égarée dans le grand souk de ma cuisine, et cette alternative aux o eufs douteux qui trainent dans le frigidaire contre lequel elle s'adosse semble la satisfaire. Je ne me lasse pas de l'admirer, simplement vêtue de son drap, et bien que voir une femme qui n'est ni ma sœur ni Lauren évoluer ainsi dans l'intimité de mon antre de misanthrope soit perturbant, rien à faire, la chose pas franchement déplaisante non plus. Il ne faudrait pas que me vienne l'envie de m'y habituer, pourtant. Non, vraiment pas. Ma remarque la fait rire – c'est toujours agréable de constater qu'on parvient à amuser quelqu'un qui ne vient pas de s'enfiler cinq verres de vodka. «J'avais oublié que tu étais une star» Je hausse les sourcils, légèrement sarcastique. Une star, voilà une aspiration sur laquelle j'ai fait une croix définitive depuis bien longtemps. Mais ce matin, je n'ai pas la moindre envie que mon amertume coutumière s'insère entre nous pour devenir une troisième convive indésirable. «Tout à fait, Cameron, une star. J'ai du mal à croire que tu aies pu l'oubier, des écoles primaires portent déjà mon nom.» Je ris et me ressers un peu de café. «Voilà quelque chose dont je pourrais me vanter plus tard. Tu me dédicaceras ton DVD ?» Je retrouve là la femme qui m'avait tant surpris hier soir, cette fille piquante et volubile que je n'aurais jamais soupçonné déceler derrière sa réserve pudique. Toute déconcertante qu'elle soit, elle demeure bel et bien attachante, en dépit d'elle-même. «Bien sûr. Si les temps sont durs, tu pourras toujours le vendre sur eBay. Quelqu'un l'achètera bien pour deux ou trois livres.» Je fronce les sourcils. «Ce sera probablement ma mère, d'ailleurs.» Avec le temps, j'ai appris à digérer le fait que j'étais un échec sur pattes, et à l'assumer en toute dérision – mais seulement quand je suis de bonne humeur et qu'il ne pleut pas. Elle me rejoint au bar, et alors que ses doigts tambourinent sur le comptoir, la question tombe, tranchante: «Tu as déjà été amoureux?» Je lève les yeux de ma tasse de café, décontenancé par cet abrupt changement de cap. Elle rougit aussitôt, et comme pour rattrapper le coup, s'enmêle dans de vagues justifications. «Enfin, je suppose que c'est plus facile de jouer l'amour quand tu as déjà été amoureux, non ? C'est pour mon article, celui où j'écrirais que tu manges des pommes et du café au petit-déjeuner» J'accueille sa première phrase d'une moue dubitative, et la seconde d'un sourire amusé. «Un article passionnant, je n'en doute pas. N'oublie pas de préciser que je prends mon café sans sucre, ça me donnera un côté rebelle et sexy.» Je ris de mes propres idioties et tandis que je me ressers une dose de caféine, je réfléchis à comment répondre à ses autres questions – que je ne peux décemment pas ignorer. «Je ne pense pas que ce soit nécessaire d'avoir été amoureux pour bien jouer l'amour. Regarde Anthony Hopkins, j'espère qu'il n'était pas un si bon Hannibal parce qu'il congèle des cuisses humaines dans sa cave. Je n'ai pas tellement joué l'amour de toute façon.» Un coup d'oeil à ma page IMBd lui apprendrait que j'ai été le séducteur salopard, le pote sarcastique du héros, quelques psychotiques, et autres gais lurons, mais le héros romantique qui parcourt la lande... rarement. «Quand j'avais douze ans, j'étais très amoureux d'une Meredith Freeman. Mais elle m'a rejeté parce que j'étais un nain à lunettes, et qu'elle était bien trop belle pour moi.» Je hausse les épaules. «Alors depuis, j'évite. Et toi?» Merde. Automatisme de conversation à la con. Evidemment qu'elle était amoureuse. Je secoue la tête et songe à creuser un tunnel pour la Nouvelle Zélande. «Désolé, réflexe stupide.» Je fronce les sourcils, et la dévisage quelques instants. «Encore un truc à rajouter dans ton article: Clay Altman mange des pommes et possède le tact d'un bulldozer.»

U.C
[TTR] sunday morning, and i'm falling 4125462520 


Dernière édition par Clay W. Altman le Mar 9 Juil - 14:23, édité 1 fois
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Cameron Roxon-Kennedy

Cameron Roxon-Kennedy

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MessageSujet: Re: [TTR] sunday morning, and i'm falling   [TTR] sunday morning, and i'm falling EmptyMer 3 Juil - 0:34

Je n'ose pas ouvrir les yeux. De peur que la réalité me rattrape soudainement, que le soleil réveille le mal de crâne qui couve sans doute, de peur que la sensation d'apaisement que je ressens pour l'instant ne s'envole aussitôt la lumière du jour retrouvée. Je n'ai pas envie que tout s'envole. Je sens son corps contre le mien, dans mon dos, et frissonne un peu en me remémorant nos instants d'hier soir. Je ferme les yeux un peu plus fort, il faut que je me concentre, que je me raisonne. C'était bien, très bien, sans le moindre doute possible. Je ne m'attendais pas vraiment à la tendresse, ou au plaisir, je ne m'attendais pas à cette étrange ambiance qui s'est installée entre nous. Je ne m'attendais pas non plus, à dire vrai, à le trouver contre moi ce matin. Il n'aurait pas fui de son propre appartement, bien entendu et en toute logique. Je ne sais pas comment fonctionnent ces choses là, ces soirées uniques où l'on s'abandonne, mais je m'imaginais plutôt qu'il serait déjà debout et prêt à me congédier aussitôt réveillé. Rassurée, parce que ce n'est pas le cas, j'ouvre finalement un œil, puis l'autre ce dont il semble se rendre compte immédiatement. Je rougis pour l'occasion, m'interrogeant sur le fait qu'il ait éventuellement passé un moment à me regarder dormir. Sa main se dépose sur mon épaule, et il embrasse mon front, poursuivant cette tendresse à laquelle je n'avais aucune raison de m'attendre. «Bonjour.» Je souris et plonge mon regard dans le sien pour répliquer à mon tour : «Bonjour». Je souris un peu et inspire. « Ca va, tu n'as pas trop de remords d'avoir laissé ta secrétaire en plan?» Je ris un peu, sans doute parce que la question déguisée là-dessous me rend nerveuse. Je glisse ma main sur sa joue cependant, déglutis et secoue la tête. «Non», je souffle, la gorge légèrement serrée parce que je suis sans doute trop habitée par mes propres émotions. Je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire à vrai dire. Il n'a pas l'air de s'attendre à ce que je m'en aille. «Et toi ?» Je grimace aussitôt que les mots s'échappent de ma bouche, parce que de toute évidence, le fait que je lui retourne la question visait la soirée en elle-même et non plus la secrétaire, étant donné que sa secrétaire n'était pas du tout là. «Oublie, cette question est absurde». Je ferme les yeux et souris un peu, légèrement rouge, je crois. Il rit, et replace une mèche de mes cheveux, ce qui me déclenche bien évidemment immédiatement une vague de frissons. 

« Il n'y a que ma sœur que j'ai laissée en plan, mais vu que la soirée était en son honneur, je pense qu'elle s'en est remise. »  Je fronce le nez, j'ignorais qu'il avait une soeur, ce qui ne doit pas être tout à fait anormal étant donné que le sujet n'est jamais réellement venu dans la conversation. «Donc, non.» J'acquiesce lentement, il doit de toute façon et sans aucun doute être coutumier de ces soirées enchainées, contrairement à moi qui suis en la matière complètement novice.  Je me demande comment il procède d'habitude, comment sont les règles du jeu, mais je me garde bien de poser la question. «Tu veux quelque chose, un café? J'ai du café vraiment abominable, sinon il reste un fond de whisky, mais il est peut être un peu tôt...»  Je souris un peu, et retiens une grimace. Il est effectivement un peu tôt, et je crois de toute façon que le whisky n'est pas exactement la boisson que je préfère. Je me souviens assez bien de l'horrible verre d'hier soir, mêlé d'un tabac dont je suis peu coutumière. «Désolé, je raconte n'importe quoi. Mais tu étais vraiment... étonnante hier soir.» J'hausse un sourcil et me redresse un peu, m'appuyant sur un coude pour arriver - à peu près - à sa hauteur. «Etonnante ?» Mes yeux se perdent un instant dans le vague, tandis que ma main libre redessine timidement les contours de sa clavicule. Je plisse le front pour me ramener rapidement à lui et inspire, retrouvant ma position allongée sur l'oreille, lui offrant un léger sourire. «Je n'ai pas du tout l'habitude de... Ces choses-là», je souligne en grimaçant un peu, pour excuser mon manque d'inspiration sur la marche à suivre. Si nous étions un jour de boulot, les choses seraient sans doute plus aisées, il prétexterait n'importe quel rendez vous pour partir, et moi un article très important à rédiger. Mon coeur accélère un peu sa course dans ma cage thoracique et je respire pour chasser l'angoisse. «Même avant... Je n'ai jamais vraiment fait ça». Ce que je dis n'a que très peu de sens et je le réalise bien. J'arrête mon geste et récupère ma main pour frotter mes yeux un instant. «Merci pour le whisky, mais je m'en passerai». Je change de sujet comme de chemise, et ça me fait rire, légèrement. Je fronce le nez et inspire, retour à la case départ et à l'éternel problème : que faire ? Je ne peux décemment pas lui demander s'il veut que je parte. S'il répondait oui à tout hasard, je pense que je risquerai de faire un malaise sous le poids de la honte. Quoi que rester ici sans y être invitée ne soit pas très correct non plus. Je soupire, et m'assois finalement, en me couvrant avec le drap, jetant un œil derrière moi pour le regarder, toujours allongé. Je dois avoir l'air d'une idiote finie mais il n'a finalement pas l'air plus à l'aise. « Par contre, je ne suis pas contre quelque chose à manger », je souligne finalement, sans y penser vraiment. Je n'ai pas envie de partir, je ne sais pas si j'ai le droit de rester, et je n'ai pas non plus envie de poser la question. Si dans les pires des cas il n'aspire qu'à ma disparition, il lui suffira de ne jamais me rappeler une fois que j'aurais passé sa porte. Et alors, il aura bien mérité de devoir me supporter quelques heures. Je souris, et lui pique l'intégralité du drap que je me noue en dessous des bras pour me faire une robe. Je m'approche furtivement de lui pour faire une grosse bêtise, sans aucun doute, et m'autorise à lui voler un baiser des plus courts avant de me lever, cachant la rougeur de mes joues sous l'agitation et sous mes cheveux, aussi. Je l'observe une demie seconde, abandonné nu sur le lit, avant d'ouvrir la porte pour gagner la cuisine, tentant de retrouver un peu d'aise et de self control. «Tu as faim ?» Je demande en gagnant ladite pièce, ouvrant son frigidaire que je toise d'un oeil sceptique. Maintenant qu'il ne me voit plus, il serait peut être temps de lui demander s'il compte sur mon départ, mais je ne parviens pas à m'y résoudre.

«Pas particulièrement, mais ne te gêne pas.» Il me rejoint finalement dans la pièce, habillé d'un simple pantalon. Je m'arrête un instant de fouiller pour l'observer en coin, clignant légèrement des yeux, et inspire pour reprendre immédiatement mes esprits.  «Si c'est un petit déjeuner que tu cherches, il n'est probablement pas dans mon frigo.» Il travers la cuisine, effleurant mes hanches, et je frissonne, fermant les yeux une demie seconde de trop pour tenter de balayer l'effet qu'il a sur moi. Il s'installe sur le plant de travail et je souris un peu, m'appuyant sur la porte de réfrigirateur pendant qu'il s'allume une cigarette, dont les volutes de fumée s'échappent mollement. «En bon artiste prétentieux qui se respecte, je ne me nourris que de whisky et de sushis. Mais je dois bien avoir des o eufs et des fruits qui traînent.» Je ris un peu et essaye de me concentrer sur ma recherche mais sa remarque suivante m'en empêche tout simplement, me forçant plutôt à me redresser. «Il nous faudrait un guide, je crois.Tu sais, un truc comme 'Le Lendemain pour les Nuls'. Pour celles qui n'avaient jamais cédé à ces hommes qui parlent trop et qui persévèrent à les draguer...» Je déglutis un peu et hoche vaguement la tête, clairement visée par cette remarque, et le laisse poursuivre en lui jetant un regard interrogateur. «Et pour ceux qui n'ont pas envie qu'elle reste, d'habitude.» Je plisse le front, tandis que lui s'appuie sur le frigo, ramenant le sujet au petit-déjeuner une fois de plus alors qu'il sait très bien que sa dernière remarque m'aura troublée. Il est intelligent, et il a raison, d'ailleurs, je suis troublée, ce qui explique l'augmentation cardiaque. «Tu trouves ton bonheur, ou tu te résignes à mon café de renommée mondiale? » Je secoue la tête et abandonne la porte du frigo qui se referme donc toute seule. Je me tourne vers lui, me mordant la lèvre comme très habituellement, et sans doute un peu rouge aussi, ridiculement coincée, engoncée. Je plonge finalement mon regard dans le sien et inspire, glissant ma main contre sa joue sans la moindre assurance, et le cœur totalement affolé par la situation. Mais il y a l'envie aussi, l'autre dimension dans laquelle je me trouve de manière tout à fait momentanée. « Tu veux que je reste ? » Bien évidemment, je suis restée totalement focalisée sur cette simple remarque. Il fallait s'y attendre. Je souris, et me hisse légèrement sur la pointe des pieds, enroulant mon bras libre - celui qui ne tient pas son draps autour de moi - autour de son cou et déposant mes lèvres sur les siennes, plus pudique qu'entrepreneur, complètement masochiste sans le moindre doute. Je devrais partir, couper court à tout sentiment potentiel de culpabilité que je pourrais ressentir, préserver mon coeur de toute éventuelle douleur. Mais non. Il se montre fort heureusement réceptif et m'attire un peu plus contre lui, abandonnant sa cigarette à son sort solitaire tandis qu'il répond à mon baiser, comblant aisément la différence de taille qui nous caractérise en me hissant contre lui. Je frissonne, et ma main se perd dans ses cheveux, et l'instant d'après déjà, nos lèvres se séparent. Il effleure ma nuque et je souris un peu, hochant la tête comme une petite fille qui découvrirait un jeu. « Oui, j'aimerais que tu restes.» Mon coeur loupe un battement tandis qu'il remet en place mon habit de fortune, et je regarde ailleurs un instant pour tenter de masquer la rougeur de mes joues, geste hautement inutile étant donné qu'il doit avoir pris le pli, maintenant, et savoir à peu près aussi bien que moi que je rougis à la moindre occasion. J'inspire, et me mords un peu la lèvre quand mes yeux retrouvent son regard, prudents. «Ne me demande pas de le répéter, et fais attention avec ça, tu vas me donner envie de te ramener dans ma chambre.» Je ris un peu et me mords la lèvre, pas absolument certaine d'être contre, mais mieux vaut sans doute jouer la carte de la prudence et rester habillée. Je secoue la tête en réalisant que c'est mon propre cerveau qui vient de penser ça, et le regarde maîtriser la cafetière de main de maître. «Bon, du coup, je suis censé te nourrir, si j'ai bien compris. Ecoute, je te laisse fouiller, si tu trouves quoi que ce soit de mangeable, sers toi.» Je ris un peu et retrouve ma place initiale devant le frigidaire, décidément peu bavarde ce matin. Je trouve une pomme abandonnée dont je m'empare, tandis que lui récupère sa cigarette et son café, s'installe sur un tabouret. Je m'appuie sur le plan de travail et interroge du regard son air amusé. «Tu pourras toujours de vanter d'avoir passé la nuit chez l'acteur de Raison et Sentiments et d'avoir constaté par toi même qu'il est un hôte pitoyable, en plus de tous ses autres défauts bien connus. » Je manque d'avaler un morceau de ma pomme de travers, et hausse un sourcil presque étonné. « J'avais oublié que tu étais une star », je commente, légèrement amusée. Pourtant, c'est bien comme ça que l'on s'est connus, alors que j'étais censée écrire un article sur sa carrière, et sur le pourquoi du comment la London School of Arts, et tout ça. Je me mords la lèvre et croque de nouveau dans ma pomme. « Voilà quelque chose dont je pourrais me vanter plus tard. Tu me dédicaceras ton DVD ? » Je ris un peu et abandonne ma pomme à moitié mangée sur le plan de travail pour gagner un tabouret, moi aussi. Je sens que je m'apprête à faire de réelles bêtises et mon instinct me hurle désespérément de partir, mais je le fais taire d'un mouvement de la tête. Mes doigts pianotent sur le bois et j'inspire. Je pose ma tête dans ma main et me mords la lèvre. « Tu as déjà été amoureux ? », je demande, d'une voix légèrement plus basse que d'habitude, sans doute, me demandant si je n'ai pas un peu trop poussé, cette fois-ci, ce que je finis par admettre, devenant immédiatement rouge, bien entendu.« Enfin, je suppose que c'est plus facile de jouer l'amour quand tu as déjà été amoureux, non ? » Je grimace, pas tellement convaincue par ma propre tirade, quoi qu'elle soit sans doute véridique, simplement complètement hors sujet. « C'est pour mon article, celui où j'écrirais que tu manges des pommes et du café au petit-déjeuner », j'ajoute, comme si le moulin à paroles était soudainement réactivé. 
 
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