Son téléphone sonna et Aliyah resta quelques secondes plantée là, sans bouger. C'était un coup de fil qu'elle redoutait, celui qui lui annonçait que c'était terminé, qu'il l'avait abandonné. Elle avait ressenti cette même peur tous les jours lorsqu'elle était avec Tom. Cette boule au ventre qu'on lui annonce qu'il avait péri dans l'exercice de ses fonctions. Et c'était finalement arrivé. Enzo n'avait pas dérogé à la règle. On lui avait tiré dessus et il était tombé dans le coma par la suite. Mais ça, c'était il y a trois semaines. Elle ne réfléchit plus et décrocha.« Mlle Coolidge, ici le docteur Scott, vous aviez demandé à être prévenue s'il y avait un quelconque changement concernant l'état de Mr Applegate. » Son coeur loupa un battement .« Il s'est réveillé. » « J'arrive immédiatement . » Elle ne prit pas le temps d'écouter la suite. Pourtant, elle aurait dû ... Elle expliqua rapidement la situation à Noah et fila pour l'hôpital. Ce dernier l'avait beaucoup soutenu dans cette épreuve malgré son ressentiment envers Enzo.

La jeune femme arriva en moins de dix minutes à l'hôpital. Elle se rendit immédiatement dans la chambre d'Enzo. Elle connaissait le chemin par cœur à présent, l'ayant fait tous les jours sans exception ces trois dernières semaines. Elle frappa à la porte et pénétra à l'intérieur. Il semblait encore comateux, dans les vappes mais Aliyah était tellement heureuse de le revoir, de retrouver son regard qui lui avait tant manqué. Pourtant quelque chose semblait différent. Elle s'approcha du lit « Enzo, comment te sens-tu ? Tu m'as manqué si tu savais. »Elle avait les larmes aux yeux. C'était comme si un poids énorme venait tout juste de partir et toute la douleur éprouvait avec. « J’ai encore un peu mal à la tête et dans le haut du corps, mais ça va… » Aliyah s'écarta « Excusez-moi, on se connaît ? Est-ce que c’est Tom qui vous envoie ? » La jeune femme ne comprenait pas. Elle secoua la tête, incrédule « Non je ... Enzo, c'est moi Aliyah. » Elle tentait de comprendre. Que se passait-il ? Elle imaginait tout et n'importe quoi avant de percuter. « Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? »

La jeune femme ne savait plus quoi penser. « Vous êtes probablement la dixième personne à me poser la question » Il soupira. Elle n'eut pas besoin d'entendre la suite, elle savait déjà. Il l'avait vouvoyé, et son regard, le regard tendre et chaleureux qu'elle lui connaissait si bien avait disparu. Il était perdu « Mais je vous dirais ce que j'ai répondu à tout le monde: nous venions de boucler une affaire et je suis sorti boire un verre avec mon coéquipier... » Elle ravala ses larmes. Ce n'était pas de sa faute après tout. Mais si, en fait c'était le cas ! Il s'était embarqué dans cette vendetta insensée. « Tom ... » murmura t-elle. C'est pas vrai. Elle ignorait même si à ce moment là, Tom et elle étaient ensembles. « C'est pas vrai. Que t'as dit le médecin exactement ? » La jeune femme commença à faire les cents pas « Peu de choses. Il m'a dit qu'il préférait me garder encore quelques jours et les infirmières n'ont pas arrêté de me répéter que Tom c'était engagé dans l'armée de l'air! Mais c'est ridicule, il m'aurait prévenu. Vous qui semblez le connaître, il vous a parlé de quelque chose? » Aliyah ferma les yeux. Il ne se souvenait de rien, ni d'elle, ni de l'histoire avec Tom, ni de leur temps passé ensembles. « D'accord. Enzo je vais devoir te dire certaines choses et il est possible que tu ais du mal à y croire. » Elle prit une chaise et s'assit près du lit « Tom est bien parti à l'armée, et il t'a prévenu. Il nous a laissé une lettre. Tom est mon ... mon ex mari. »

« Vous... C'est... Je suppose que je peux vous tutoyer? » Aliyah opina « Tu es restée combien de temps avec lui? Que s'est-il passé? Pourquoi est-il parti? » La jeune femme prit une grande inspiration et se lança « C'est très compliqué et je vais essayer d'être clair. Tom et nous sommes mariés. Peu de temps après, on est venu m'annoncer qu'il était mort. Mais c'était faux. Il a mis sa mort en scène et a travaillé sous couverture. Tu étais au courant et Tom t'avait demandé de garder un oeil sur moi. Au fil du temps, j'ai ... développé des sentiments pour toi. Et réciproquement. Au bout d'un moment, tu m'as avoué la vérité concernant Tom. » Elle marqua une courte pause « Ca a été très difficile autant pour toi que pour moi. Tom est finalement revenu et vous avez eu des retrouvailles assez ... musclées. Il a compris que l'on s'aimait et s'est effacé en s'engageant dans l'armée. J'ai découvert des choses concernant ton père ... » Elle savait qu'elle s'engageait sur un terrain dangereux mais c'était nécessaire « Tu m'as annoncé que tu travaillais également sous couverture pour retrouver l'assassin de ton père. Suite à cela, on s'est séparé, je ne supportais l'idée de te perdre. Et tu es tombé dans une embuscade. »

Aliyah ignorait totalement comment Enzo prendrait les choses. Et autant dire qu'elle était tendue. Sa réponse ne se fit pas attendre.  « Je suis vraiment désolé. Vous avez l'air sincère et très sympathique, malheureusement ce que vous venez de me dire ne m'évoque rien du tout... En toute franchise, j'ai même du mal à y croire... » Elle esquissa un sourire triste. Cela ne l'étonnait guère.  « Je comprend. » elle marqua une pause  « J'ai téléphoné à Jane, elle ne devrait pas tarder. Tiens si tu veux je peux te laisser ça » Aliyah sortit trois photos de son porte-feuille. Une de lui et Pierre, une d'eux trois et une photo de couple « On ne sait jamais, peut-être que ça pourra t'aider »  Elle se leva et se dirigea vers la porte. Il ne se souvenait pas d'elle. Aliyah pensait avoir vécu assez de choses, mais la vie en décidait autrement.
Elle retourna chez elle, et croisa Noah, avant de fondre en larmes dans ses bras. Se souviendrait-il d'elle un jour ?

FIN DU SUJET

Ce matin, je me suis réveillé avec une migraine abominable. Mes yeux me brûlaient comme si je ne les avais pas ouverts depuis plusieurs jours et je me sentais si mal que l'espace d'un instant; je me suis demandé si je n'étais pas passé sous un train. J'ai voulu ouvrir la bouche pour réclamer à boire, mais ma gorge était si irritée qu'aucun son n'en est sorti. Après un certain temps, ma vue s'est éclaircie. Il ne m'a pas fallu plus de quelques minutes pour comprendre que j'étais coincé dans un lit d'hôpital. Les murs, d'un blanc immaculé, m'ont tout de suite donné la chair de poule. "Depuis combien de temps suis-je ici ?", "Qu'est-ce que je fais là?" sont les questions que je n'ai pas cessé de me poser depuis que je suis revenu à moi. Celui que je suppose être en charge de mon dossier m'a alors expliqué qu'on m'avait tiré dessus et que j'avais passé un peu moins de trois semaines dans le coma. On m'a fait passer tout un tas d'examens de routine, pour finir par me reconduire dans ma chambre sur les coups de midi et demi. Encore trop nauséeux pour avaler quoi que ce soit, je me suis contenté de picorer dans mon assiette. Les programmes qui sont passés à la télévision m'ont semblé tout droit sortis d'un autre monde et je n'ai pas compris un traître mot du discours que m'a adressé un certain Pierre. Ce type se prétend mon meilleur ami, mais c'est impossible car je ne l'ai jamais vu. Je n'ai pas arrêté de réclamer Tom, mais les infirmières m'ont dit qu'il était en mission à l'étranger et donc dans l'incapacité de me rendre visite. Je ne comprends pas ce qui se passe. La dernière chose dont je me souvienne c'est d'avoir pris un verre avec lui. Tom est comme un frère pour moi, il m'aurait forcément prévenu s'il avait décidé de s'engager dans l'armée de l'air ou quoi que ce soit du genre  Ce que disent ces femmes n'a aucun sens. Elles doivent se tromper de personne, elles ne savent pas de quoi elles parlent. « Enzo, comment te sens-tu ? Tu m’as manqué si tu savais… » Je fronce les sourcils lorsque cette femme s’accroche à mon cou. Sa tête me dit vaguement quelque chose, mais je peine à mettre un nom sur son visage. De son côté, elle a l’air soulagé que je sois sorti du coma. « J’ai encore un peu mal à la tête et dans le haut du corps, mais ça va… » je réponds, pas certain de savoir ce qui se passe. « Excusez-moi, on se connaît ? Est-ce que c’est Tom qui vous envoie ? » Car ça ne m’étonnerait pas. Cette demoiselle est tout à fait son genre de femme. Elle s'écarte brusquement. « Non je ... Enzo, c'est moi Aliyah. » De toute évidence, je ne suis pas le seul à être perturbé par la situation. « Quelle est la dernière chose dont tu te souviens ? » finit-elle par me demander. « Vous êtes probablement la dixième personne à me poser la question » dis-je en soupirant. « Mais je vous dirais ce que j'ai répondu à tout le monde: nous venions de boucler une affaire et je suis sorti boire un verre avec mon coéquipier... » La pauvre a l'air bouleversé. Même si je ne me souviens pas d'elle, j'ai l'impression que je compte beaucoup à ses yeux et ça me mets mal à l'aise de la voir dans cet état. « Tom ... » J'acquiesce. Elle connaît mon meilleur ami. C'est une maigre consolation, mais c'est mieux que rien. « C'est pas vrai. Que t'as dit le médecin exactement ? » Je pousse un long soupir. Je ne sais pas par où commencer. Tout est tellement flou dans mon esprit. « Peu de choses. Il m'a dit qu'il préférait me garder encore quelques jours et les infirmières n'ont pas arrêté de me répéter que Tom c'était engagé dans l'armée de l'air! Mais c'est ridicule, il m'aurait prévenu. Vous qui semblez le connaître, il vous a parlé de quelque chose? » L'atmosphère est tendue et je vois bien qu'elle cherche ses mots. Quelque part, j'ai presque peur de ce qui va suivre. « D'accord. Enzo je vais devoir te dire certaines choses et il est possible que tu ais du mal à y croire. » Elle rapproche une chaise du lit et s'y assoit. « Tom est bien parti à l'armée, et il t'a prévenu. Il nous a laissé une lettre. Tom est mon ... mon ex mari. » J'écarquille les yeux tout ronds. Tom? Divorcé? Mais je ne savais même pas qu'il s'était marié. « Vous... C'est... Je suppose que je peux vous tutoyer? » Elle opine. « Tu es restée combien de temps avec lui? Que s'est-il passé? Pourquoi est-il parti? » Encore sous le choc de cette nouvelle, je me pince les paupières. Elle prend une grande inspiration, dans le but de se donner un peu de courage et me déballe tout. « C'est très compliqué et je vais essayer d'être clair. Tom et nous sommes mariés. Peu de temps après, on est venu m'annoncer qu'il était mort. Mais c'était faux. Il a mis sa mort en scène et a travaillé sous couverture. Tu étais au courant et Tom t'avait demandé de garder un oeil sur moi. Au fil du temps, j'ai ... développé des sentiments pour toi. Et réciproquement. Au bout d'un moment, tu m'as avoué la vérité concernant Tom. Ça a été très difficile autant pour toi que pour moi. Tom est finalement revenu et vous avez eu des retrouvailles assez ... musclées. Il a compris que l'on s'aimait et s'est effacé en s'engageant dans l'armée. J'ai découvert des choses concernant ton père ... » Si le début de son histoire avait l'air tiré par les cheveux, ce n'est rien en comparaison de ce qui suit. « Tu m'as annoncé que tu travaillais également sous couverture pour retrouver l'assassin de ton père. Suite à cela, on s'est séparé, je ne supportais l'idée de te perdre. Et tu es tombé dans une embuscade. » Tombé dans une embuscade? Une vendetta? D'aussi loin que je m'en souvienne, je n'ai encore parlé de ce projet à personne. Certes, je me suis renseigné sur ce salopard et j'ai prévu de rejoindre ces troupes pour les faire tomber de l'intérieur, mais la machine n'a pas encore été mis en marche. Comment peut-elle être au courant de tout ça? « Je suis vraiment désolé. Vous avez l'air sincère et très sympathique, malheureusement ce que vous venez de me dire ne m'évoque rien du tout... En toute franchise, j'ai même du mal à y croire... » Je m'en veux terriblement. Même si ce serait parfaitement inutile, j'aimerais pouvoir lui dire que je me souviens d'elle, de nous, de tout ce qu'elle m'a raconté, ne serait-ce que pour chasser ce sourire triste. « Je comprend, dit-elle, résignée. J'ai téléphoné à Jane, elle ne devrait pas tarder. » Pour qu'elle connaisse ma belle-mère, c'est qu'elle doit vraiment compter pour moi, je songe tandis qu'elle ajoute, en fouillant dans son portefeuille. « Tiens si tu veux je peux te laisser ça » Je jette un oeil aux clichés. Un de nous deux, l'autre du mystérieux Pierre et moi-même et enfin; une photographie de nous trois. Même si je ne peux nier l'évidence, je ne me souviens de rien. Un soupir m'échappe.  « On ne sait jamais, peut-être que ça pourra t'aider » lâche-t-elle avant de quitter la pièce. Impuissant, je la regarde s'éloigner sans même essayer de la retenir.

FIN DU SUJET