parfois je sens mon coeur qui s'endurcit

Une énième dispute avec Archibald. Je déteste me fâcher avec lui. Il est censé arrondir les angles, faire que tout aille bien, même quand je pète un boulon. Je crois qu'il ne sait tout simplement plus comment s'y prendre et ça ne date pas d'hier. Ne supportant plus de me retrouver dans la même pièce que lui, je finis par partir, claquant la porte d'entrée comme une adolescente excédée. Il peut essayer de me rattraper, d'ailleurs je crois qu'il a du prononcer mon nom plusieurs fois, m'intimant de revenir et d'arrêter mes "conneries". Un mot de trop. Je l'abandonne sur le palier et me précipite vers ma voiture, la faisant démarrer d'un coup de clé pour m'échapper.

Toujours au volant, je profite d'un arrêt prolongé au feu rouge pour dégainer mon téléphone portable, je compose son numéro et colle le mobile à mon oreille. « Allo ? » « Aeden ? C'est moi. On peut se voir, genre là tout de suite ?» dis-je d'une voix encore tremblante. « Je suis censé finir dans deux heures mais je vais m'arranger avec Silvia. Tu passes à la boutique ou tu veux qu'on se retrouve ailleurs ? » Feu Vert. Je redémarre et penche la tête sur le côté pour maintenir le téléphone. « Je suis sur la route. J'arrive. Dégage Mémé ! Pardon ce n'est pas à toi que je parle. Je te retrouve à la boutique. Merci. » Je raccroche et reprend le contrôle de mon véhicule après l'écart que je venais de faire pour éviter Mémé et son toutou qui traversaient. J'essaie de me calmer, on n'est pas dans Fast & Furious et j'ai trop de cheveux pour être Vin Diesel, je freine mon allure mais mes mains restent crispées sur le volant.  

Je gare la voiture devant le sex shop et rentre dans l'établissement. J'espère pour elle que Silvia a accepté de libérer Aeden auquel cas je me verrais dans l'obligation de lui arracher de force. « C'est bon je suis tout à toi ! On ferait mieux de prendre l'air, je crois. » m'accueille ce dernier. Je lui rends son accolade, m'estimant chanceuse de l'avoir. Je ne connais que quelques rares personnes qui sont capable de tout lâcher pour s'occuper de moi. « La mer. Je veux aller voir la mer. » Aeden sait parfaitement à quoi je fais allusion. « Je prends mes affaires et on y va. » Je hoche la tête, l'attendant sagement. J'y vais Silvia ! Merci encore. »  Ouais c'est ça. Merci Silvia. Sayonara et à la revoyure ! Il me rejoint et tous les deux nous sortons de la boutique.

J'enroule délicatement mon bras autour du sien, et je me laisse guider. « Ça n'a pas l'air d'aller... » observe t-il perspicace. « Non. Je me suis encore brouillée avec Archie. Il s'est comporté comme un con. Je suis partie, je voulais te voir et je n'ai pas envie de rentrer. » lui avouai-je la gorge encore serrée. Bien qu'être avec Aeden m'avait quelque peu apaisée, je n'en demeurais pas moins furieuse contre mon mari. « La même chose que d'habitude ? Tu sais, tu mérites mieux que ça. Vraiment mieux que ça. » Je lève les yeux vers lui et soupire. « Presque comme d'habitude, en un peu plus véhément.  On va dire que je n'étais pas été très tendre avec lui aussi. Mais je ne peux pas te laisser dire ça, aussi adorable sois tu mon petit Aeden. » déclarai-je en resserrant légèrement mon étreinte. « Tu sais je ne le mérite pas beaucoup plus. » affirmai-je. Naturellement Aeden me défend et me soutient mais il ignore que je suis une belle menteuse moi aussi. « Arrête de te dénigrer ainsi, tu sais très bien que tu vaux dix mille fois mieux. Il va finir par réussir à te faire croire que ce qu'il te dit est vrai. » Je lui souris et frotte ma main contre son bras amicalement pour le remercier de ses mots magiques.  « J'aurais dû me marier avec toi. On aurait fait fortune dans le sex toys et tout irait pour le mieux. » lancai-je en riant. Mon regard se perd au loin, observant les eaux paisibles de la Tamise. La mer, comme j'aimais l'appeller plus petite -gamine encore innocente n'ayant pas compris le concept de rivière-. On se balade, comme deux amoureux qui ne le sont pas en réalité. Même si lui, il sait comment faire, quoi dire, pour que j'en oublie mes maux. Je sais qu'il ne saisis pas toujours la raison de mes troubles et confusions parce qu'il lui manque des éléments que je persiste à dissimuler, mais qu'importe,  il est toujours là. « Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais même pas si j'ai envie de sauver mon couple. » Je marque une pause, pesant mes mots, réfléchissant encore s'il était important qu'ils sortent de ma bouche. J'inspire profondément et je lâche en regardant mes pieds « Il a une liaison. Il me trompe depuis plusieurs mois déjà. Et le pire c'est qu'il s'imagine que je ne sais rien. » J'ai à nouveau cette sensation désagréable de ma gorge sèche qui se serre. Et j'ai honte. Je me sens salie et humiliée -comme sans doute n'importe quelle femme dans cette situation-. Même si j'ai bien conscience d'être en partie responsable de sa fuite, j'en reste néanmoins blessée dans mon amour propre, et dans le reste de confiance et d'estime que j'avais en lui. « Oh. » Au moins tout est dit. Il s'arrete, et moi toujours accrochée à son bras j'en fais autant. Puis il m'entourent de ses bras réconfortants et m'attire contre lui. Je ferme quelques instants les yeux, ravalant mes ressentiments. Je ne veux pas qu'Aeden s'apitoie sur mon sort, je n'ai pas besoin de ça. Je voulais juste qu'il m'écoute, qu'il puisse m'entendre et m'aider à porter ce poids trop imposant sur mes frêles épaules.  « Pourquoi tu ne me l'as pas dis avant… Je sais que ce n'est pas à moi de faire les choix pour toi mais tu devrais le quitter, pour de bon. Pourquoi t'enfermer dans ce cercle vicieux… Pourquoi t'infliger ça alors que tu pourrais changer tout ça ? » Il faut qu'il arrête de me regarder comme ça, avec ses petits yeux et son air concerné. Je sais que mes choix lui importent, tout comme la vie d'Aeden et son bien être comptent pour moi. Et ça me touche toujours autant. J'essaie de rester digne, rien ne sert de pleurer, ça ne changera rien. J'assimile ses paroles, cherchant constamment une justification, une excuse pouvant tout expliquer. « Je pensais pouvoir gérer ça toute seule. Et c'est compliqué. Je suis pas encore prête à détruire tout ce que j'ai essayé de construire. Pas encore, mais ça viendra. » ma gorge serrée trahit le ton rassurant que je voulais donner à ma déclaration. « Je vais m'en sortir. Et je sais que j'aurais du t'en parler avant mais...je sais pas. » je ris nerveusement, mon éloquence est effrayante. C'est juste que je n'arrive pas à m'exprimer, ne me comprenant pas moi même, piégée dans la confusion de mes pensées.

u.c

Occupé à feuilleter un magazine qui n'avait rien à voir avec le lieu dans lequel il était, à savoir le sex-shop où il travaillait, il fut sorti de sa lecture d'une critique cinématographique par la sonnerie du téléphone. Pas celui de la boutique, mais du sien. Le sortant de sa poche, il soupira avant de voir le nom de sa meilleure amie s'afficher. Il décrocha, au moins, elle allait le sortir d'un ennui mortel, elle était douée pour ça. « Allo ? » « Aeden ? C'est moi. On peut se voir, genre là tout de suite ? » Le ton de sa voix n'était pas habituel. Il fronça les sourcils, intrigué. Il sembla décelé une pointe d'agacement. « Je suis censé finir dans deux heures mais je vais m'arranger avec Silvia. Tu passes à la boutique ou tu veux qu'on se retrouve ailleurs ? » « Je suis sur la route. J'arrive. Dégage Mémé ! Pardon ce n'est pas à toi que je parle. Je te retrouve à la boutique. Merci. » « D'accord, je t'attends alors ! » Elle raccrocha aussi vite, et ce n'était pas plus mal. Elle était au volant et n'avait pas l'air dans son état normal, et cette pauvre vieille dame avait failli se faire écraser. il valait mieux éviter l'accident. Il reposa son magazine et se dirigea dans l'arrière-boutique où sa collègue devait. Elle ne devait arriver qu'au moment où il finissait sa journée. « Est-ce que ça te dérangerait de me remplacer à la caisse, là tout de suite, enfin dans 5-10 minutes, j'ai une amie dans la panade et il faut que j'aille l'aider... » Après quelques minutes à la supplier, elle craqua enfin. « Bon, je veux bien te dépanner mais tu m'en devras une ! » « Oui t'en fais pas ! Merci tu es un amour. » Il savait bien qu'en la flattant, la pullule passerait mieux. Il retourna à sa place en attendant et reprit sa lecture. Finalement la voiture de Binki apparut et il fit le tour du comptoir, pour l'accueillir. Elle entra et il remarqua à son allure qu'en effet, elle n'était définitivement pas sereine « C'est bon je suis tout à toi ! On ferait mieux de prendre l'air, je crois. » déclara t-il alors qu'il la salua par une petite accolade. « La mer. Je veux aller voir la mer. » Il hausse les sourcils une ou deux secondes le temps de réaliser ce qu'elle voulait dire par là. « Je prends mes affaires et on y va. » Il la laissa le temps d'aller chercher sa veste avant de la rejoindre et de lui emboiter le pas. Avant de fermer la porte il cria : « J'y vais Silvia ! Merci encore. »

Une fois dehors il lui présente son bras pour ensuite lui emboîter le pas. Il lui fit un petit signe de tête pour lui indiquer la direction, machinalement : « Ça n'a pas l'air d'aller... » C'était sans doute stupide de dire ça, mais il ne savait pas vraiment comment amorcer la discussion de manière correcte et encourageante. Il ne savait même pas si elle voulait vraiment entrer dans les détails. De cette manière, il ne risquait pas trop de la froisser un peu plus. « Non. Je me suis encore brouillée avec Archie. Il s'est comporté comme un con. Je suis partie, je voulais te voir et je n'ai pas envie de rentrer. » Il aurait du s'en douter. Il se pinça les lèvres ne sachant trop quoi répondre. Il lui dirait bien de divorcer sur le champ mais elle semblait vouloir rester dans cette relation qui ne mène à rien. « La même chose que d'habitude ? Tu sais, tu mérites mieux que ça. Vraiment mieux que ça. » « Presque comme d'habitude, en un peu plus véhément. On va dire que je n'étais pas été très tendre avec lui aussi. Mais je ne peux pas te laisser dire ça, aussi adorable sois tu mon petit Aeden. » Un peu surpris, il abandonna la contemplation des personnes allant et venant dans la rue pour poser son regard sur son amie. « Tu sais je ne le mérite pas beaucoup plus. » Ne comprenant pas vraiment où elle voulait en venir, il était prêt à s'arrêter net pour lui dire qu'elle n'avait pas à s'auto-flageller ainsi. « Arrête de te dénigrer ainsi, tu sais très bien que tu vaux dix mille fois mieux. Il va finir par réussir à te faire croire que ce qu'il te dit est vrai. » Après quelques minutes de marche, ils étaient arrivés sur les bords de la Tamise. L'eau était calme à cette heure-ci. « J'aurais dû me marier avec toi. On aurait fait fortune dans les sex toys et tout irait pour le mieux. » Elle trouvait encore le temps de faire dans l'humour. Aeden ria à son tour. C'était absurde. Pourtant, si elle avait été libre, peut-être que quelque chose aurait pu se passer. Mais leur amitié lui allait très bien. Son esprit et son coeur étaient tournés vers une autre. Mais peut-être oui. Même si Aeden était toujours aussi peu sur de son charme. Mais celui de Binki était indéniable. Elle était belle, intelligente et drôle. Elle valait bien mieux que son mari. Et il était loin de se douter que ces mots prendraient encore plus de poids quelques secondes plus tard. « Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais même pas si j'ai envie de sauver mon couple. » Il s'empêcha à nouveau de répondre au tac au tac en lui disant qu'en effet, plutôt que de sauver son couple, elle ferait mieux d'abandonner, car ça ne pourrait que lui faire du bien. Et puis, elle finit par détourner le regard et son visage parut soudainement grave. « Il a une liaison. Il me trompe depuis plusieurs mois déjà. Et le pire c'est qu'il s'imagine que je ne sais rien. » «   Oh. » C'était sorti sans crier gare. Il ne s'attendait pas vraiment à ça, et pourtant, il n'était pas si surpris que ça. Vu le portrait dépeint et l'aperçu qu'il avait pu avoir, Archibald était vraiment un abruti qui ne mesurait pas la chance qu'il avait d'être marié à quelqu'un comme Binki. Il s'arrêta de marcher et se mura dans un silence pendant quelques secondes. Avant de répondre réellement quoi que ce soit, il entoura les épaules de la jeune femme de ses bras pour l'attirer à lui, se voulant réconfortant. « Pourquoi tu ne me l'as pas dis avant… Je sais que ce n'est pas à moi de faire les choix pour toi mais tu devrais le quitter, pour de bon. Pourquoi t'enfermer dans ce cercle vicieux… Pourquoi t'infliger ça alors que tu pourrais changer tout ça ? » Il espérait que son ton n'était pas trop moralisateur, mais il ne comprenait pas. Si cela faisait plusieurs mois, pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ? Le mal avait été fait, et ça ne changera rien maintenant. Définitivement, il fallait qu'elle passe à autre chose, quand bien même il s'agisse de son mari.


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