F*cking Wedding

Rose & June

CRÉDIT - CSS

Face au miroir, assise sur un petit tabouret, je regarde mon reflet dans le miroir. J’ignore si je suis sur le point de faire une connerie monumentale ou si pour une fois je prends la bonne décision. Cela dit, je suis assez étonnée d’être aussi calme. Je lève la main pour arranger mes cheveux et la laisse retomber. Non évidemment ils sont parfaits. Je ne voulais pas de quelque chose de compliqué, j’ai obtenu gain de cause en menaçant de mordre la coiffeuse si elle me faisait un chignon. Résultat ? De jolies boucles, « hollywoodiennes » m’a dit la coiffeuse avant de voir mon air blasé. Elles glissent doucement sur l’une de mes épaules, ne tiennent que grâce à quelques épingles et c’est bien suffisant selon moi. Je suis relativement satisfaite et lisse un pli imaginaire de ma robe du bout des doigts. J’ai vingt-six ans, je suis dans une chambre d’hôtel horriblement chère et ça fait une semaine que je n’ai pas vu l’homme que je suis sensée épouser aujourd’hui parce que 1) certains de mes soit disant « proches » trouvent ça très drôle de m’empêcher de m’envoyer en l’air avec lui 2) il paraît que ça porte malheur ou une connerie du genre.  Agacée je finis par me lever et enfile mes escarpins. J’ai craqué, mais je ne regrette rien. Pas mes Louboutin du moins. Ni ma robe rouge et beige esprit baby doll qui m’arrive au dessus du genoux (pas franchement à mi-cuisse mais pas loin). Mon maquillage est parfait, ma coiffure aussi, ma tenue fera froncer les sourcils de certains, donc c’est parfait. Je me tourne vers Rose et la fixe d’un air dubitatif.

« Quoi ? Oui je sais je me marie, non je ne réalise pas encore. » je fais en m’écroulant sur le lit.

Enfin si là je commence légèrement à réaliser et il faudrait peut être que je m’arrête au risque de me mettre à stresser.

« Si tu veux fuir, tu n'as qu'à me faire signe. Jason est avec Aby et il doit la garder ce weekend, j'ai de la tequila et des affaires de rechange dans la commode, je suis parée à tout. »

Je jette un coup d'oeil amusé à ma cousine. Je l'aime, surtout quand elle a de la tequila et est prête à se mettre Stephen et sa famille à dos en m'aidant à m'enfuir. Je souris franchement en regardant sa robe noire, symbole du deuil de ma vie de célibataire dissolue et pas franchement reluisante. Alcool, drogue, sexe violent, une vraie vie de rockstar. Que j'aurais pu devenir, j'en suis persuadée, si j'avais accepté d'aller à LSOA. Ou si je m'étais tapé un producteur. Après tout Sloan est bien devenue actrice et se tape son metteur en scène. Comme quoi les promotions canapé hein...

« C'est sympa de ta part. Mais je crois que je vais me marier quand même. Non seulement cette réception coûte une fortune à mon père et à belle-maman Xenos, mais en plus ça me ferait mal d'avoir acheté ces escarpins juste pour m'enfuir. » La véritable raison étant que j'ai hâte de voir la tête de Stephen quand il me verra dans cette robe, que je compte bien marquer sur son front Propriété privée; mais en plus commencer ma lune de miel dès que nos noms seront sur ce foutu registre et notre union enregistrée par le maire. Ça fait une semaine, une putain de semaine que je ne l'ai pas vu alors je dis merde au gâteau, aux invités pas si nombreux que ça, au DJ qui n'a pas intérêt à passer des chansons ringardes pendant que je serais occupée à palier à ce léger détail qu'est la frustration. ... non mais franchement qu'est ce qu'il m'a pris d'accepter de l'épouser ? Je fronce les sourcils. Bon ok j'ai bien failli m'évanouir quand il a fait sa demande (je crois que je ne m'en remettrais jamais d'ailleurs), je suis restée muette et choquée pendant plus de dix minutes et j'ai cru qu'il allait me claquer entre les doigts quand j'ai dit oui. Enfin bref, une demande et une réponse un peu foireuses mais qui nous ferons sans doute bien rire une fois unis pour le meilleur et pour le pire.

Je me lève et m'étire. « Bon c'est l'heure d'y aller ou pas ? Un peu plus et je vais chercher le maire moi-même pour signer son foutu papier ! » Rose regarde sa montre et je me retiens de lever les yeux au ciel. Et puis merde pour le maire hein ! Je veux juste signer ce bout de papier et qu'on en finisse ! Je savais que j'aurais dû insister pour qu'on se marie rapidement, juste tous les deux, sans la famille, MERDE A LA FAMILLE ! Bon si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais juste invité Rose et ses frères. Trois personnes et pas plus. « Encore quelques minutes. On devrait pouvoir y aller, je vais voir. » Raté, je lève les yeux au ciel. Je ne suis pas la personne la plus patiente du monde et si j'attends davantage je vais vraiment commencer à stresser. « Bouge pas toi. » J'ouvre de grands yeux et bats des cils d'un air innocent. Elle me connaît bien. Je crois que je serais prête à piquer un sprint jusqu'à mon futur époux (oui oui en Louboutin) et à lui sauter dessus, témoins ou pas, pour l'embrasser et signer le registre d'une main pendant que l'autre serait occupée à… « On est bon, c'est quand tu veux Junie ! » Je sursaute et fixe Rose d'un air presque gêné alors que je reprends mes esprits. Définitivement, une semaine d'abstinence n'est absolument pas une bonne idée. J'inspire profondément et attrape mon bouquet que je compte bien balancer en plein dans la tronche d'Elizabeth pour me soulager dès que je ne serais plus seulement une Foster (encore que je ne dénigre pas la partie dite déviante de la famille Foster dont je suis évidemment). Je plaque sur mes lèvres un sourire de circonstance et m'avance vers mon père, me retenant de rire aux éclats en voyant le chapeau de la soeur de Rose. Je ne l'ai invitée que pour ça (bon et aussi parce que la famille hein… je me voyais mal inviter toute la fratrie de Rose SAUF la grenouille de bénitier), pour voir jusqu'où elle pousserait le ridicule et pour voir si elle s'étoufferait en voyant ma robe de mariée. Bon, vu la tronche qu'elle tire, elle n'approuve pas, c'est déjà ça de pris. « Rassure toi Elizabeth, j’ai pensé à mettre une culotte aujourd’hui. » Je lui souris d’un air innocent et attrape le bras de mon père fermement. Je vois ses yeux qui brillent, son sourire tremblotant et je fronce les sourcils. « Si tu te mets à pleurer je demande à Rose de me conduire auprès de Stephen à ta place. Tu chialeras quand j’aurais signé et que je serais enfin une jeune femme rangée et bien comme il faut. » Ouais on peut toujours rêver. Mon père sourit, ravale ses larmes et dépose un baiser sur ma joue. Je le laisse faire, je ne suis pas spécialement proche de lui, bien que ces dernières années nos relations se soient améliorées. Je jette un coup d’oeil à Ruby, la femme de papa, une bimbo pour qui je n’ai eu que du mépris pendant des années avant de voir qu’elle l’aime vraiment et est moins stupide que je ne le pensais. Ce n’est pas le grand amour entre nous deux mais disons que j’ai abandonné l’idée de l’enfermer dans une machine à laver. Elle porte une robe verte, moins courte que la mienne et d’une coupe plus sage que ses habituels vêtements.. « Jolie robe Ruby. » Elle me sourit. Je suppose que ce geste de gentillesse de ma part (assez inhabituel) la touche. Je suis une sainte. « Allons-y. Rose, reste à côté de moi, j’espère que tu as tes clés de voiture sur toi, on ne sait jamais… que je me rende compte que je fais la plus belle connerie de ma vie. T’as déjà piqué un sprint en talons ? » Je la fixe un instant avant de laisser échapper un petit rire. Je marche vers la salle de réception. Ah, j’ai la gorge un peu serrée.

U.C   

Ma cousine se marie. Entre toutes les femmes, June Lee Foster, qui portera bientôt le nom du type d'environ 20 ans son aîné qu'elle s'apprête à épouser. Ma phobie naturelle de l'engagement fait que je ne peux décemment approuver de cette union, mais je remplis quand même mes devoirs de demoiselle d'honneur. J'ai de la tequila dans mon sac et les clés de ma voiture, Aby est gentiment assise au premier rang avec son père. Ugh. N'en parlons même pas. Assise sur ma chaise, les yeux dans le vague, je me demande si ma petite robe noire est vraiment appropriée. Mais, après avoir ingurgité des proportions d'alcool bien supérieures aux doses recommandées, nous nous sommes dit que représenter l'enterrement de sa folle vie de célibataire était une idée formidable. Mes cheveux, gentiment longs et bruns depuis des années, sont relevés dans un chignon sophistiqué, compensé par mon makeup nude. Mes Louboutins sont assorties à celle de ma cousine, qui s'étale présentement sur le lit avec un air théâtral que je ne connais que trop bien. All my friends are drama queens « Quoi ? Oui je sais je me marie, non je ne réalise pas encore. » Moi non plus pour être honnête. « Si tu veux fuir, tu n'as qu'à me faire signe. Jason est avec Aby et il doit la garder ce weekend, j'ai de la tequila et des affaires de rechange dans la commode, je suis parée à tout. »

Toutefois mon offre ne prend pas et elle me répond, non sans humour mais avec ce que je ressens comme de la fermeté « C'est sympa de ta part. Mais je crois que je vais me marier quand même. Non seulement cette réception coûte une fortune à mon père et à belle-maman Xenos, mais en plus ça me ferait mal d'avoir acheté ces escarpins juste pour m'enfuir. » Je souris légèrement et hausse vaguement les épaules, l'air de dire que c'est son choix mais que je suis là en cas de course inattendue sur Louboutin. Je l'observe, tâchant d'interpréter le moindre froncement de sourcils, un quelconque signe. Mais June est heureuse et même si c'est insensé et extrêmement surprenant, c'est sans doute une bonne chose. Ma cousine s'étire comme un chat impatient et lance « Bon c'est l'heure d'y aller ou pas ? Un peu plus et je vais chercher le maire moi-même pour signer son foutu papier ! » Je jette un coup d'oeil à la mince montre en or qui entoure mon poignet et répond « Encore quelques minutes. On devrait pouvoir y aller, je vais voir. » Je me dirige vers la porte et alors que je suis à moitié dehors, je me retourne brusquement et pointe un doigt menaçant vers elle. « Bouge pas toi. »

Après quelques pas, j'entrouve la porte et voyant que tout est en place, fais un signe discret aux jeunes filles qui attendent dans le couloir pour leur dire de se tenir prête. Je retiens un soupir exaspéré en voyant le chapeau ridicule que porte ma délicieuse soeur aînée. Cette garce a bien joué son coup pour se faire inviter quand même. « On est bon, c'est quand tu veux Junie ! » dis-je d'un ton relativement joyeux en invitant ma cousine à rejoindre son père devant l'allée.

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