Je suis de repos ce soir. Non pas que je n'ai pas reçu de coup de téléphone de clients qui tentaient un rendez-vous, non. En général, je ne manque pas d'occupation professionnelle. Ce soir, j'ai simplement promis à Bambi que je la rejoindrais dans un hôtel chic et choc de Londres – dans lequel j'ai l'habitude de rejoindre quelques clients, d'ailleurs – pour aller boire un – ou plusieurs – verre avec elle. La vérité, c'est que je suis un peu inquiète pour elle. Depuis que je la connais, elle a toujours su prendre une place importante dans ma vie et au fil des années, je n'ai plus eu d'autre choix que de m'inquiéter pour elle comme je m’inquiéterais pour ma petite sœur. C'est finalement plutôt logique, considérant l'état de ma famille, que je me sois rattachée à elle. Elle est au courant, elle connait le métier, ses difficultés, ses facilités, l'argent, tout le reste. Elle n'a pas honte, elle ne juge pas, elle se contente d'être cette adorable jeune femme parfois inconsciente, toujours insouciante, qui, je suis bien forcée de l'admettre, met une bonne dose de soleil dans ma vie quand elle en a besoin. J'abandonne donc ma pochette sur le comptoir du bar du Claridge's et demande qu'on me serve déjà un martini en attendant que mon amie me rejoigne. Elle finit par arriver cela dit, limitant les dégats du retard, et m'enlace en me faisant la bise. Je lui offre un sourire, réellement contente de la voir. « Hey baaaabes, how are ya? » Je lui montre le tabouret installé à côté du mien et la laisse s'occuper de nos verres, ce qu'elle fait très bien - et très rapidement. « Give us a tequila sunrise there handsome. » Je ris un peu et roule des yeux, j'aurais presque oublié à quel point il est agréable d'avoir Bambi dans le coin. « Speaking of handsome, how's Ben? » Je roule des yeux et fais mine de lui donner un coup. « We're so not here to speak about Ben », je lui rappelle dans un clin d'oeil. « We're here to speak about your happiness. Cause you're happy, right ? » Une façon très délicate de lui demander par ailleurs, mais l'envie d'évacuer le sujet Ben me presse dans mes réponses et je préfère ne pas m'étaler pour l'instant. 
 
 
 
uc

« It ain't happening sugar pops, kay? » Je bas mes longs - faux - cils et fait un sourire renversant au gamin, avant de lui planter un doux baiser sur la joue et de le planter là. Il est adorable et je ne suis entièrement certaine qu'il ai vraiment dix-huit ans, mais il est gentil et me laisse toujours quelques billets en plus. Et je sais le remercier de cette générosité. Mais ce soir, pas de petit bonus, pas de surprise, je dois filer au Claridge et retrouver Belle. Je hèle un taxi et lui envoie rapidement un texto. Un jour, j'arriverai à ne pas être en retard. Je règle la course sans attendre de récupérer ma monnaie et trottine à travers le lobby, distribuant de nombreux sourires sur ma route. Je repère finalement les beaux cheveux blonds de mon amie et m'avance vers le bar. Je l'enlace rapidement et lance « Hey baaaabes, how are ya? » J'apostrophe le barman qui passe à ce moment là et ajoute « Give us a tequila sunrise there handsome. » Je lui fais un clin d'oeil et me perche sur un tabouret, avant de reporter mon attention sur Belle « Speaking of handsome, how's Ben? » J'esquisse un large sourire innocent et rive mes yeux sur ceux de ma collègue. Mais bien sûr, elle élude la question sans même essayer d'être subtile « We're so not here to speak about Ben » Je réponds à son clin d'oeil par un roulement d'yeux théâtral mais la laisse néanmoins continuer « We're here to speak about your happiness. Cause you're happy, right ? » Je hausse les sourcils avec surprise et réponds d'une voix douce « Course I'm happy babes. I think this is the happiest I've ever been in my life you know, and it's all thanks to you. » Je lui souris légèrement, parce que sans vouloir tomber dans le sentimentalisme de bas étage, c'est vrai que j'ai enfin la sensation de m'être trouvée. Aussi bizarre que ça puisse paraître. Je reprends toutefois, après avoir avalé quelques gorgées du cocktail qui trône devant moi « I know you're worried about me and Byron, but it's fine, really. It's really not me you should be worrying 'bout. » Mon sous entendu n'est guère délicat, mais elle sait que j'ai raison après tout.

uc