«
Merci pour l’extra ! » Je lance avec un sourire rayonnant. Mon client sourit à son tour, le regard embrumé. «
C’était avec plaisir, j’espère qu’on remettra ça très vite. » Je penche la tête sur le côté et mon sourire s’agrandit. Un peu mon chou qu’on remettra le couvert suffisamment tôt ! Vu l’argent gagné en un après-midi je ne vais pas me priver ! Surtout avec le « petit » extra qu’il m’a filé, oh quoi donc ? Juste quatre cent livres. Rien du tout. Ça ne fait que quelques semaines que je suis là et j’ai déjà mes habitués. Lui en particulier. J’ignore ce qu’il fait dans la vie, mais il est bourré de fric jusqu’à la gorge. Ma foi, en plus d’être assez agréable à regarder, il est généreux, je ne vais pas m’en plaindre. J’arrange mes cheveux, vérifie que mon tailleur est impeccable et sors de la chambre d’hôtel après un petit signe de la main. Je n’avais pas franchement prévu de devenir call-girl mais à mon retour à Londres j’ai eu besoin de discrétion et d’argent. Bien que pas franchement à l’aise au début, il s’est avéré que je suis plutôt douée à ce petit jeu là. Et qu’en bossant pour une agence de luxe, j’ai des clients plutôt sympathiques et qui paient terriblement bien. Arrivée dehors j’enfile mes lunettes de soleil et me dirige vers Hyde Park. Je passe toujours par là avant de prendre un taxi pour rejoindre le loft de Jasmine. En règle générale, j’aime me dégourdir les jambes après un après-midi de boulot. Portable vissé à l’oreille j’appelle l’agence pour leur annoncer que tout s’est bien passé et que je suis toujours en vie. Je raccroche et seize heures sonnent. L’heure du thé donc je ferais bien de me dépêcher de rentrer pour en savourer un bien chaud. Pourtant je me fige. Mon sac tombe par terre et je ne me baisse pas pour le ramasser. Je vis un vrai cauchemar. Il est là, assis sur un banc, à trois mètres de moi. En quelques pas il pourrait venir me passer les menottes aux poignets et je me vois mal piquer un sprint en talons aiguilles. J’essaye de me raisonner.
Ne panique pas Viki, il n’a aucune preuve contre toi et tu n’as encore rien fait, rien tenté, ne panique pas... Plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand le flic qui vous a arrêtée est là alors qu’il devrait être à Los Angeles. Je n’ai pas réussi à effacer de ma mémoire ce moment où j’étais incapable de bouger, quand ses lèvres se sont posées sur les miennes et qu’il m’a promis de m’arrêter la prochaine fois qu’il me verrait. C’est chose faîte. Je m’agenouille et ramasse mon sac, les mains tremblantes, la gorge serrée. Oh je te déteste Jay ! J’inspire, j’expire. Je me relève et me dirige vers lui d’un pas que je veux sûr et conquérant. Sans un mot, je m’installe à côté de lui et sors un livre de mon sac.
Les liaisons dangereuses On n’aurait pas pu faire plus à propos. J’ouvre mon livre et commence ma lecture.
«
En voilà une surprise. J’ignorais que tu avais décidé de faire du tourisme ici. » je lance d’une voix neutre, mes yeux rivés sur mon bouquin. Ma mâchoire se contracte alors que du coin de l’oeil je le vois se comporter de manière si détendue. Et je manque de faire une crise cardiaque alors qu’un de ses bras vient se poser sur mes épaules. Alors là pour m’enfuir c’est carrément compromis. Il tourne son visage vers moi et je feins d’être passionnée par les écrits du vicomte de Valmont. «
J'ai toujours adoré Londres. Ces coutumes princiers m'ont toujours subjugué. » Je hausse un sourcil. C’est un américain, jamais il ne comprendra l’amour britannique pour la couronne.
Et ses joyaux… «
Et toi, je ne savais pas que le métier de call-girl t'intéresserait autant ! » Cette fois, impossible de rester stoïque. Je tourne mon visage vers lui. Nous ne sommes qu’à quelques centimètres l’un de l’autre et je souris. «
J’ignorais que ma vie était aussi passionnante pour que tu m’espionne comme ça. » Je me rapproche encore et pose ma tête sur son épaule comme si nous étions un couple stupidement amoureux. «
J’ai changé d’orientation professionnelle et il s’avère que non seulement je suis douée mais que j’adore ça en plus. » Je sors une liasse de billet de mon sac et lui agite sous le nez. «
Et ça paie bien, que demander de plus ? » Jay’ sait à quel point je peux être obsédée par l’argent. Je tiens ça de ma mère je n’y peux rien. Ainsi qu’un goût immodéré pour le grand frisson, l’adrénaline, bref le danger. «
Tu vas me passer les menottes ? » je demande d’un ton calme alors que ma tête repose toujours sur son épaule.
U.C