« Chelle, tu devrais vraiment en profiter. » Je soupire et lève les yeux au ciel. Ça fait 15 fois qu’Amanda me le répète. « Seriously, t’es jeune, t’es bien foutue, fais quelque chose quoi ! » Elle soupire à son tour et entame sa barre de chocolat. « Je suis condamnée à manger du chocolat et à me morfondre sur ma vie de merde. Tu pourrais au moins faire ça pour moi ! » J’éclate de rire. « Arrête le chocolat 15 fois par jour et demain, je t’emmène avec moi. Pas d’excuses bidon cette fois-ci, tu mets une jolie robe et tu vas bouger tes fesses sur le dancefloor. » Elle fait la tête et jette sa barre. « Seulement si tu veux bien jeter un œil au nouveau stagiaire. » Je grogne contre sa persévérance à tout négocier. J’acquiesce malgré moi. « Quand j’aurai terminé mon paragraphe. » Elle se lance dans une petite danse de la victoire et quitte mon bureau en me promettant de venir me harceler toutes les heures pour voir l’avancée de ce paragraphe. Et malheureusement pour moi, elle tient toutes ses promesses. Je regarde ma montre, ma page word et décide de faire ça maintenant pour pouvoir travailler tranquillement ensuite. Je m’approche du stagiaire en question, ne me rappelant même pas son nom, armée d’un sourire. « Hello handsome ! Michelle, enchantée. » Il se retourne vers moi et me fixe un moment avant de rougir. Ça me laisse tout le temps d’approuver les dires d’Amanda. C’est vrai qu’il est pas mal. Je me mords la lèvre avant de secouer la tête. Ce n’est pas le moment de penser à ça. Je travaille et même si Amanda insiste sur le fait de profiter de ma jeunesse, je ne suis pas d’humeur à sortir avec n’importe qui. « Oh je, heu… pardon, hum… Spencer, moi c’est, Spencer, enchanté » Il me tend sa main et lâche le paquet de feuille qu’il tenait dans celle-ci. « Oh, merde. Désolé ! » Je ricane et me baisse à mon tour pour l’aider à ramasser les feuilles. « Pas besoin de t’excuser à tout bout de champ, Spencer. » On ramasse les dernières feuilles que je lui tends. « Je suppose qu’on t’a assigné à la photocopie ? » Il me sourit et hausse les épaules. Je retiens un soupir parce qu’Amanda a raison. Son sourire est craquant et ça m’agace qu’il le soit autant. « Merci. Et oui, comme tu… vous pouvez le voir. Ça me surprend qu’on ne m’ait pas demandé de faire ça avant. » J’éclate de rire. Le changement de personne me surprend et me fait prendre un coup de vieux. On doit avoir 5 ans ou peut-être plus de différence mais le vous me donne l’impression d’en avoir 40 de plus. « Hum… vous avez besoin de faire des photocopies aussi ? » Je secoue la tête. « Déjà tu peux me tutoyer sinon je vais avoir l’impression d’être ta mère. Ensuite… » Ensuite quoi ? Je suis venue te voir parce qu’on m’a obligée ? « J’ai besoin d’un avis pour un article. » Hum, peut-être pas la meilleure réponse. « Mais avant j’ai besoin d’un café et d’une pause clope. Tu viens ? »              

Il ne réagit pas à ma proposition. Je commence à regretter tout ça et surtout à détester Amanda qui m’oblige à faire tout ça. Je n’ai pas besoin de quelqu’un et encore moins du stagiaire, qu’il soit craquant ou non. « Hein ? Heu… je… oui, oui, bien sûr. » Il me suit tandis que je me dirige vers la terrasse. « Tu… as besoin d’un avis pour ton article ? Du mien ? » Je souris et acquiesce. Je me pose contre la rambarde, dos à la vue qui s’offre à nous. Je ne suis pas très fan de celle-ci. Je sors mon paquet de mon soutien-gorge, déplorant mon manque de poche dans cette jupe et en attrape une, que je porte à ma bouche. « Tu en veux une ? » Je lui tends mon paquet et enchaine sur ses questions précédentes. « Une petite question rapide. J’ai besoin de savoir ce que vous pensez des seins et pourquoi vous avez cette obsession pour les grosses poitrines. » Il refuse une cigarette. Je ne peux m’empêcher de sourire. On dirait un gamin, an actual puppy dirait Amanda.  « Heu... Franchement... je n'en ai pas la moindre idée. C'est juste... agréable à regarder, et, heu... à toucher... » J’hausse un sourcil et écoute attentivement sa réponse. J’ai l’impression que ma question l’a pris au dépourvu et qu’il est gêné d’avoir cette conversation avec moi. Du coup je ne sais pas si je dois exploser de rire et l’arrêter ou prendre des notes et écrire un véritable article là-dessus. Je décide de jouer le jeu et hoche régulièrement la tête pendant qu’il me donne son point de vue. « Et c'est attirant, quand ils sont plus gros, ben évidemment on les remarque encore plus et... et je sais qu'à la base ce n'est pas quelque chose de sexuel mais... disons que c'est comme pour vous avec... je ne sais pas... les tablettes de chocolats d'un mec. Plus c'est défini, plus le mec est musclé, plus vous avec tendance à baver devant. Ben ça nous fait exactement la même chose avec les poitrines. Tu vois? » Je tire sur ma cigarette et acquiesce. « Bien sûr ! » Puis je fronce les sourcils et mets en avant ma poitrine. « Donc ça veut dire que personne ne bave devant moi ? » Question existentielle du jour, bonjour ou comment embarrasser le mignon petit stagiaire pour rigoler un peu. Il faudra penser à s’excuser plus tard.             

« Non non non, pas du tout ! Enfin, si, mais non ! » Je me mords la joue pour ne pas rigoler une fois de plus et fronce les sourcils. Certains magasines diraient que j’ai hérité du don de ma mère pour jouer la comédie. « Ce que je veux dire c’est que ‘’baver’’… c’est irrespectueux comme terme, je n'aurai pas du l'employer… Je veux dire… ça ne fait pas tout… et puis tous les hommes n’aiment pas forcément les grosses poitrines… et puis tu as une très jolie poitrine, j’en suis sûr… Oh god. » Le pauvre, je suis en train de l’achever. Je termine ma cigarette et croise les bras sur notre sujet de conversation aka ma poitrine. « Ce que je veux dire, c’est que… tu es très jolie qu’importe la taille de ton soutien-gorge et maintenant je vais arrêter de parler avant d’aggraver encore plus mon cas. » J’éclate de rire cette fois-ci pour de bon et pose une main sur son bras. « Je suis désolée Spencer. » Je souffle pour dégager la frange qui tombe sur mes yeux et souris. « Je, hum, c’était une blague ! Mais c'est très gentil de m’avoir dit ça et je saurai m’en souvenir le jour où on me fera une réflexion là-dessus. » Je lui fais un clin d’œil et cherche un moyen de me faire pardonner. « Oh god, je suis un imbécile. Vous faites ça avec tous les stagiaires pas vrai ? Tu les attire avec tes beaux yeux et tu leur fous la honte. C’est filmé ou un truc du genre ? » Je me mords la lèvre et secoue la tête avec un sourire. Son compliment me va droit au cœur. Damn pourquoi a-t-il fallu qu’il soit si adorable et que je fasse cette stupide blague ? Je lève la main pour jurer. « Promis, c’est la première et dernière fois que je fais ça. Tu auras l’exclusivité même si ce n’était finalement pas si drôle. » Je regarde ma montre et me relève. Si je ne retourne pas bosser, je vais me faire engueuler. « Et je ne filme jamais mes blagues. » Je lisse ma jupe et vérifie que mon paquet de clopes est toujours à sa place. « Désolée pour cette mauvaise blague, Spencer. » Je fais une grimace. « Pour me faire pardonner, tu viendrais à ma soirée demain soir ? Je suis seulement dj mais je peux faire entrer quelques personnes. Et ça me ferait plaisir que tu viennes. »

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« Eh ! Vous, là ! » Je ferme les yeux un instant, retenant un soupire, avant de me tourner vers la source de la voix, un sourire poli sur le visage. « Vous, là », est devenu mon prénom officiel depuis que j’ai commencé mon stage à QG. Je m’attendais à quoi, en même temps. Je suis un stagiaire, après tout. Au moins on ne m’a pas encore demandé de faire des photocopies. « Vous êtes le nouveau stagiaire c’est ça ? » Je hoche la tête pour toute réponse. Je préfère éviter de parler, j’ai tendance à m’embarrasser à mort quand j’ouvre la bouche, surtout quand les gens m’impressionnent, et le géant super baraqué qui se tient devant moi est le genre de personne que je trouve suffisamment impressionnante pour être incapable d’aligner deux mots ayant un sens ensemble. « Ouais. Je me disais. T’as bien une tête de stagiaire, on dirait que tu sors tout juste du lycée. » Piqué au vif, j’ouvre la bouche pour rétorquer, mais ce pseudo-journaliste testostéroné ne m’en laisse pas le temps. « J’ai besoin que tu me photocopies ça. En double » dit-il en me tendant un paquet de feuilles, avant de s’en aller, alors que je reste planté là, comme le plus parfait des imbéciles. « Hello handsome ! Michelle, enchantée. » Je me tourne puis fixe Michelle Nicholson, superbe journaliste qui me fait secrètement rêver depuis trois semaines et qui ne joue clairement pas dans la même league que moi, d’un air hagard, avant de reprendre mes esprits et de regarder à droite et à gauche, surpris. Personne, c’est donc à moi qu’elle parle. Comment ça, c’est à moi qu’elle parle ? Mais elle a dit handsome???? Spencer, réveille-toi bon sang ! Je rougis comme une tomate et lui fait un sourire gêné. « Oh je, heu… pardon, hum… Spencer, moi c’est, Spencer, enchanté » je bafouille comme un abruti avant de lui tendre une main maladroite, oubliant un instant le paquet de feuille… qui une seconde plus tard s’éparpille sur le sol. « Oh, merde. Désolé ! » je m’écrie en m’agenouillant pour tenter de rattraper ma boulette au plus vite. Je l’entends ricaner, et je n’ai qu’une envie, creuser un trou, m’y enterrer, et ne plus jamais revoir la lumière du soleil. Tu parles d’une première impression. « Pas besoin de t’excuser à tout bout de champ, Spencer. » Je me mords la lèvre. Si je n’avais pas peur de m’emmêler la langue encore une fois, je lui expliquerais que je ne fais pas vraiment exprès. « Je suppose qu’on t’a assigné à la photocopie ? » Je souris avec ironie et hausse les épaules. « Merci. Et oui, comme tu… vous pouvez le voir. Ça me surprend qu’on ne m’ait pas demandé de faire ça avant. » C’est ça Spencer, montre tes bonnes manières en tutoyant une femme que tu connais à peine et qui est bien plus haut placé que toi dans la hiérarchie du journalisme. Mais quel boulet c'est pas possible. « Hum… vous avez besoin de faire des photocopies aussi ? » Je veux dire, je ne vois pas trente-six raisons pour lesquelles elle serait venue me parler.  « Déjà tu peux me tutoyer sinon je vais avoir l’impression d’être ta mère. Ensuite…  J’ai besoin d’un avis pour un article. » Hein ? Quoi ? Elle a besoin de quoi ? D’un avis ? Pour un article ? De ? Mais pourquoi moi ? C’est une blague c’est ça ? Un bizutage ? Pourquoi voudrait-elle mon avis pour son article ? Je ne suis qu’un stagiaire ! « Mais avant j’ai besoin d’un café et d’une pause clope. Tu viens ? » Abasourdi par ce que je viens d’entendre, je reste un instant planté là sans dire un mot. Puis je réalise qu’elle vient de me poser une question, et qu’elle attend une réponse. « Hein ? Heu… je… oui, oui, bien sûr. » Je lui emboîte le pas, et pendant un petit moment, nous marchons en silence. Puis, prenant mon courage à deux mains, je tourne vers elle un regard timide. « Tu… as besoin d’un avis pour ton article ? Du mien ? » Je ne lui demande pas pourquoi, mais c’est sous-entendu. Elle s'adosse à la rambarde et sort son paquet de clopes de son... son... soutien-gorge, et j'ai besoin de toute ma volonté pour regarder... ailleurs, avant de m'en proposer une, que je refuse d'un geste de la tête. « Une petite question rapide. J’ai besoin de savoir ce que vous pensez des seins et pourquoi vous avez cette obsession pour les grosses poitrines. » Ma bouche devient plus déshydratée que le Sahara en pleine saison sèche. Je déglutis avec difficulté, tentant de connecter deux idées à la suite qui me permettront de former une phrase à peu près correcte et pas complètement stupide. « Heu... » Ça commence bien, Spenc'. « Franchement... je n'en ai pas la moindre idée. C'est juste... agréable à regarder, et, heu... à toucher... » Bon sang, pourquoi c'est à moi que ça arrive ce genre de trucs ?! « Et c'est attirant, quand ils sont plus gros, ben évidemment on les remarque encore plus et... et je sais qu'à la base ce n'est pas quelque chose de sexuel mais... disons que c'est comme pour vous avec... je ne sais pas... les tablettes de chocolats d'un mec. Plus c'est défini, plus le mec est musclé, plus vous avec tendance à baver devant. Ben ça nous fait exactement la même chose avec les poitrines. Tu vois? » Bien. Maintenant, je vais escalader la rambarde et sauter dans le vide. Je ne crois pas avoir été déjà aussi embarrassé dans toute l’intégralité de mon existence. Et pourtant, j’ai connu des moments plus qu’embarrassant au lycée, croyez-moi. Enfin, en tout cas, elle acquiesce comme si ce que je venais de dire était une sorte de révélation sur « pourquoi les hommes sont fascinés par les seins » (alors qu’en vrai, j’ai dit ça sans même réfléchir), avant de… mettre en évidence sa poitrine. Why. « Donc ça veut dire que personne ne bave devant moi ? » Je me sens pâlir et déglutis avec difficulté. Et meeeeeeerde. « Non non non, pas du tout ! Enfin, si, mais non ! » Bordel, Spencer, reprends-toi. « Ce que je veux dire c’est que ‘’baver’’… c’est irrespectueux comme terme, je n'aurai pas du l'employer… Je veux dire… ça ne fait pas tout… et puis tous les hommes n’aiment pas forcément les grosses poitrines… et puis tu as une très jolie poitrine, j’en suis sûr… Oh god. » Je ferme les yeux et me pince l’arête du nez. C’est pas possible. « Ce que je veux dire, c’est que… tu es très jolie qu’importe la taille de ton soutien-gorge et maintenant je vais arrêter de parler avant d’aggraver encore plus mon cas. » Elle éclate de rire, et je grince des dents, le plus discrètement possible. Bien sûr qu’elle se fout de ma gueule. Je ferais pareil à sa place. « Je suis désolée Spencer. » Je fronce les sourcils. Elle est désolée ? Pourquoi ? « Je, hum, c’était une blague ! Mais c'est très gentil de m’avoir dit ça et je saurai m’en souvenir le jour où on me fera une réflexion là-dessus. » Je sens mes yeux s’agrandir et mon visage pâlir, alors que sa remarque me frappe de plein fouet. Une blague. Bien évidemment. « Oh god, je suis un imbécile » je murmure en me pinçant l’arête du nez. « Vous faites ça avec tous les stagiaires pas vrai ? Tu les attire avec tes beaux yeux et tu leur fous la honte. C’est filmé ou un truc du genre ? » Je ne dis pas ça méchamment. Je suis bon joueur, pas du genre à me vexer quand on me fait une farce. Mais tout de même, je suis un peu déçu. J’espérai secrètement qu’elle m’avait adressé la parole parce que, je sais pas, elle avait envie de faire connaissance. Idiot.

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