Le tournage s'est terminé plus tôt, et ma liberté m'a donc été rendue avec trois jours d'avance. Je m'abstiens de prévenir Henry, ou les enfants, attrapant un avion qui me ramène d'Edimbourg, lieu du tournage, jusqu'à Londres. Henry travaille encore sans doute à l'heure où je regagne notre maison, mais les enfants seront là et pourront sans doute m'aider à accueillir leur père dignement. Quoi qu'il n'est pas certain qu'ils ne se soient pas sauvés à droite ou à gauche, auquel cas je n'aurais plus qu'à surprendre tout le monde. Je souris en enfonçant mes clés dans la serrure, poussant la porte pour regagner ma maison avec mon énorme valise. Mon téléphone portable sonne déjà mais j'ignore délibérément mon agent pour profiter des quelques minutes de paix que je vais m'octroyer maintenant. La maison est calme, ce qui signifie sans doute qu'elle est vide, mais je me risque tout de même à appeler, au cas où : « Y'a quelqu'un ? » J'abandonne mes affaires pour attraper le courrier du jour que je trie calmement, me retournant subitement en entendant descendre les escaliers. Ma fille finit par apparaître, visiblement toujours contrariée par la punition qui a donné suite à la légère altercation que nous avons eu au sujet de son petit passage par le site internet de l'Etat. Je me mords la lèvre, regrettant déjà l'absence d'Henry qui ne pourra pas m'aider à fuir cette conversation là que je n'ai pas franchement envie d'avoir. J'aime mes enfants, j'aime ma famille, mais je n'ai jamais été très douée avec les punitions - que ce soit étant jeune quand elles me visaient moi ou maintenant quand je dois les donner moi même. « Etant donné que je suis assignée à domicile jusqu'à nouvel ordre, je ne vois pas pourquoi tu te fatigues à poser la question. » Bien. La base a au moins le mérite d'être plantée, et pour tenter d'éviter ce qui va suivre, je m'accroche pour embrasser son front. « Moi aussi, je suis contente de te voir ma chérie », je note en tentant un sourire doux et très clairement laxiste. « Ton frère est sorti ? » Je demande, haussant un sourcil en m'écartant pour ouvrir le frigo. Mais elle se braque, n'a visiblement pas envie d'enterrer la hâche de guerre à moins, évidemment, que je l'autorise à rejoindre la civilisation. Mais je ne le ferai pas. Non pas que je tienne particulièrement à enfermer ma fille des semaines dans sa chambre - ni même à subir ses humeurs en conséquence - simplement c'est Henry qui gère le mieux ce genre de questions et je suppose assez logiquement que la question mérite d'être discutée avec le plus psychologue d'entre nous, je n'ai pas abandonné la fac pour rien. « Qu'est-ce que j'en sais? Il est probablement dehors, puisque LUI a le droit d'aller où il veut. » Je rigole un peu à cette dernière remarque et secoue la tête.  « Bon, puisque je ne peux ni sortir, ni m'approcher d'une technologie me permettant de commander quelque chose, j'espère au moins qu'il y a quelque chose de bon pour le goûter. » Je grimace un peu et lui sors un reste de salade de fruits, même si elle doit mieux connaitre le contenu du frigidaire que moi, sans aucun doute. « David n'a pas piraté le site internet du gouvernement anglais, c'est la raison pour laquelle il a encore le droit de se servir d'un ordinateur et c'est aussi pour ça qu'il a le droit d'aller se promener s'il en a envie », je remarque, d'une voix toujours douce cependant. « Inutile de prendre des airs exaspérés Ophelia, la punition ne sera pas levée tant que je n'aurais pas discuté avec ton père... » Je désigne la maison d'un geste vague et secoue la tête. « Il ne rentre pas avant demain, alors sois gentille et épargne-nous une soirée désagréable, je suis contente d'être rentrée, et je commanderai quelque chose pour dîner, si tu veux ? » J'ose - sans doute très naïvement - espérer que ma requête sera acceptée, mais j'en doute sincèrement. 
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Il faut l'avouer, avoir une mère actrice, c'est plutôt classe sur le papier, mais en tant qu'Howard, je peux vous assurer que, dans la réalité, c'est loin de n'avoir que des avantages. Pour commencer, il y a biensûr le côté artiste, mais j'imagine que l'on ne peut pas blâmer son travail pour cela, après tout, c'est justement cette personnalité disons passionnée qui l'a sans doute menée où elle est. Je l'aime comme elle est, j'aurais juste préféré qu'elle ne me cède pas certains traits de caractère, mais qui peut lutter contre la génétique... Il y a aussi le fait qu'elle sait très bien jouer, mentir et vous mener en bateau, mais depuis le temps, je la connais assez bien pour la voir venir. En fait, le véritable problème vient surtout de ses horaires de travail, qui sont assez aléatoires. La plupart des enfants a la chance de pouvoir prévoir de manière assez précise quand rentreront leurs parents. A la rigueur, ils varient parfois d'une heure sur leur emploi du temps parce qu'ils rentrent un peu plus tôt, ou passent faire une course. Avec ma mère, la surprise n'est pas tant l'heure à laquelle elle va rentrer, mais le jour où elle va arriver. Elle est souvent en déplacement pour ses voyages, et apprécie particulièrement de débarquer à la maison à l'improviste. Et comme vous pouvez vous en doutez, c'est le genre de surprise que David et moi adorons. C'est ainsi, qu'après avoir entendu du bruit dans le jardin et l'avoir aperçue dans le jardin - alors qu'elle était sensée se trouver à Édimbourg pour encore au moins deux-trois jours, et que notre père était à son cabinet -, je me retrouvai à fermer en vitesse mon ordinateur, me précipiter dans leur chambre pour le remettre là où ils l'avaient caché, ranger aussi vite que possible les affaires que j'avais laissé traîner un peu partout, avant de finalement m'installer sur mon lit quelques minutes plus tard, avec un livre, et en essayant d'avoir l'air le plus détendu possible, et de cacher mon essoufflement. J'étais en effet privée d'ordinateur et de sorties pour quelques temps, ce qui allait certainement s'avérer beaucoup plus embêtant maintenant que ma mère était rentrée et pouvait veiller à ce que je suive les termes de ma punition, mais tant pis, je ferais avec, et puis j'étais quand même contente de la voir. « Y'a quelqu'un ? » l'entendis-je crier dans la maison, comme à son habitude. Je décidai de descendre la voir avant qu'elle ne décide de monter et commente le rangement, le ménage ou un quelconque objet dans ma chambre. Je la retrouvai dans la cuisine. « Etant donné que je suis assignée à domicile jusqu'à nouvel ordre, je ne vois pas pourquoi tu te fatigues à poser la question. » répondis-je avec une légère pointe de sarcasme. Je ne pouvais tout de même pas lui sauter dans les bras en souriant, alors qu'ils m'avaient enfermée, privée de tout moyen de communication et me laissaient mourir à petit feu dans cette maison. Avec un léger mouvement de recul, je la laisse tout de même m'embrasser le front - après tout, elle était ma seule chance d'être libérée pour bonne conduite, alors autant ne pas trop la froisser -, me fendant d'un soupire au passage et sans changer le regard peu amène que j'arborais depuis que j'étais descendue. « Moi aussi, je suis contente de te voir ma chérie » Je levais les yeux ciels, m'abstenant toutefois de répondre. Elle n'avait pas relevé le ton de ma réplique précédente, aussi devrais-je m'hésiter heureuse. « Ton frère est sorti ? » Décidément, elle enchaînant les questions inutiles aujourd'hui, espérons que ce soit le voyage qui l'ait fatigué. Je me retins de lever les yeux au ciel à nouveau et jetai plutôt un oeil au contenu du frigo qu'elle venait d'ouvrir. « Qu'est-ce que j'en sais? Il est probablement dehors, puisque LUI a le droit d'aller où il veut. » répondis-je tout de même avec un sourire très visiblement forcé. « Bon, puisque je ne peux ni sortir, ni m'approcher d'une technologie me permettant de commander quelque chose, j'espère au moins qu'il y a quelque chose de bon pour le goûter. » continuais-je en soufflant un peu, puisque pour ce que j'en voyais pour le moment, ma prière avait peu de chance d'être exaucée. En effet, ma mère s'empare d'un reste de salade de fruits qu'elle me met sous le nez et que j'observe d'un air très douteux, me demandant depuis combien de temps elle traîne là par exemple. Je décide finalement d'aller piocher dans le paquet de biscottes pour me faire une tartine puisqu’apparemment, je ne pourrais pas avoir mieux. « David n'a pas piraté le site internet du gouvernement anglais, c'est la raison pour laquelle il a encore le droit de se servir d'un ordinateur et c'est aussi pour ça qu'il a le droit d'aller se promener s'il en a envie » Forcément, sa gentille indifférence à mes commentaires ne pouvait pas durer plus de 30 secondes, ç'aurait été trop beau. « Inutile de prendre des airs exaspérés Ophelia, la punition ne sera pas levée tant que je n'aurais pas discuté avec ton père... » continua-t-elle en faisant de vagues gestes désignant probablement la maison, que je commençais à très bien connaître depuis que j'y étais enfermée. « Il ne rentre pas avant demain, alors sois gentille et épargne-nous une soirée désagréable, je suis contente d'être rentrée, et je commanderai quelque chose pour dîner, si tu veux ? » Ce n'est pas avec une commande qui l'arrange autant que moi étant donné ses talents et son amour de la cuisine qu'elle risquait de me faire oublier ses précédentes remarques. Aussi répondai-je avec un sourire et un ton très courtois - elle m'avait demandé de cesser avec mes airs exaspérés, non? elle n'avait pas commenté mes paroles - : « Ça y est, tu as fini ton petit discours? Je te ferais remarquer tout de même que c'est surtout que David n'a pas les capacités de pirater un tel site, nuance. S'il en était capable, il le ferait probablement aussi. On peut donc en déduire que vous le récompensez pour sa bêtise, ou peut-être pour son manque de curiosité, d'initiative ou son évidente incompétence en informatique. Franchement, bravo à vous. » J'allais peut-être trop loin mais mes nerfs étaient sérieusement usés par le confinement, et le fait qu'elle me rappelle d'une que mon frère n'était pas puni et de deux que ma punition risquait de durer très longtemps n'aidait pas. Et puis, c'était moi qui gâchait la soirée alors que j'étais la punie, enfermée de l'histoire. Sans oublier que mon évidente carence en vitamine D - hormone importante pour l'organisme - accentuait ma fatigue et ne favorisait pas la bonne humeur. « Tu ne veux pas que je gâche ta soirée, et je n'ai pas envie de passer la soirée ici. Tiens, je crois que nous tenons une chance d'être toutes les deux satisfaites ou de souffrir ensemble, tu ne crois pas? Mais en fait, si on y réfléchit bien, c'est toi qui m'oblige à rester enfermée, me privant de la dose dont j'ai besoin de vitamine D au passage, ainsi que de ma vie sociale pour ne citer qu'elle. Donc finalement, tu te gâches ta soirée toute seule en décidant de cette punition. » continuais-je avec un air successivement pensif, ahuri et ébloui par sa propre découverte. « Et puis franchement, ce n'est pas en partant du principe dès maintenant que je vais gâcher ta soirée que tu vas me donner envie d'être gentille et qu'on va passer un bon moment. Si tu veux que ça marche, commence par y croire, c'est ce qu'on dit, non? Alors bien que tu auras peut-être mon estomac dans ta poche et que j'ai très envie d'une pizza, c'est pas avec une commande que tu vas arranger l'état d'esprit dans lequel tu te trouves et ça a donc peu de chance d'affecter de matière notable mon humeur en ta présence. » continuais-je en essayant d'y mettre un peu du mien.

u.c.