Dure journée encore aujourd'hui. J'avais passé ma matinée à faire ce que je faisais tous les jours, c'est-à-dire vendre des objets représentants les symboles du Royaume-Uni aux touristes. J'avais donc décidé de faire une pause et d'en profiter pour essayer de parler à ma famille qui était loin de moi. Mes frères m'avaient demandé d'aller dans un cyber-café, ils préféraient me parler via une Webcam que par téléphone. « Heu, bonjour je voudrais utiliser un ordinateur...» Dis-je avec un fort accent qui me rendait parfois incompréhensible. Un homme qui ne prit même pas la peine de me regarder m'indiqua un poste libre au fond de la salle, je m'y rendis immédiatement. Le truc c'est que contrairement à mes petits frères je ne savais pas du tout utiliser un ordinateur, je me retrouvais donc bien bête devant cet objet que je ne savais pas utiliser. J'attrapais la souris voulant tout de même tentr quelque chose et je sortis le papier où j'avais noté les indications de mon frère. Après cinq minutes je n'y arrivais toujours pas et j'avais ouvert pleins de pages. Je regardais autour de moi à la recherche d'une personne qui pourrait bien m'aider puis je portais mon attention sur la fille à côté de moi. « Euh... Je... Excusez-moi de vous déranger mais est-ce que vous pourriez m'aider ?»J'avais appris qu'il fallait toujours vouvoyer les gens qui m'étaient inconnus. « Je peux, mais pour commencer, tu peux me tutoyer, et il faudrait que tu m'expliques ce que tu cherches à faire, parce que là, c'est pas vraiment évident. » Apparemment pas cette jeune fille. « D'accord je te vouvoie alors. Je voulais ouvrir un truc qui s'appelle Skype alors j'ai cliqué sur pleins de carrés avec des dessins dedans maïs j'ai ouvert pleins de ... » Je cherchais un mot pour qualifier les fenêtres ouvertes. « Carré encore plus grands ? » Elle me sourit. « Tu veux sans doute parler des fenêtres. Donc, on va commencer par fermer toutes ces fenêtres justement. » Bizarre d'appeler ça des fenêtres quand même ! Elle s'approcha mieux de l'écran pour voir ce qu'elle pouvait bien faire. « Il y a une croix en haut à droite, tu vois? » J'acquiesçais en levant ma tête vers la petite croix rouge, essayant de mémoriser ce qu'elle était en train de dire. « On va cliquer dessus c'est ça ? » Demandais-je en espérant en pas me tromper. « Oui, c'est ça. Tu cliques sur la croix pour fermer les fenêtres, on appelle aussi ça des pages quand c'est internet. » Je m'exécutais certes lentement mais surement en cliquant sur toutes les croix rouges puis la jeune fille se décida à tout fermer. « C'est bizarre quand même un ordinateur. »Elle se retourna vers moi avec un petit sourire. « Disons que c'est particulier. » C'est en éteignant l'ordinateur qu'elle reprit des explications. « Bien, alors ce qu'on va faire, c'est t'apprendre toutes les étapes à partir du moment où tu arrives devant ton ordinateur pour que tu puisses mettre skype tout seul, et éviter le massacre comme tout à l'heure. Nous commençons donc par allumer l'ordinateur, et l'écran. » Je m'exécutais, appuyant sur les boutons qu'elle venait de me montrer avec quand un peu d'appréhension. « C'est bon ? » Demandais-je hésitant.

Ma mère  était revenue à la maison depuis déjà deux jours, et je sentais que cette punition allait très rapidement devenir intenable pour moi. Certes, j’avais toujours Violet pour me soutenir et me tenir compagnie, mais on s’amusait tout de même beaucoup plus quand l’on avait le droit de sortir de la maison, ou mieux d’avoir notre ordinateur. Et puis, difficile de passer du temps tranquille à discuter avec elle, puisque ma mère a décidé de profiter de mon confinement pour que l’on fasse plus de choses ensemble. Et croyez-moi, ça ne fait pas vraiment passer le temps plus vite. Heureusement, j’avais réussi à m’octroyer un peu de temps au calme, en silence, dans ma chambre et nos brillants de jumelles, à Violet et moi, avaient pu concocter un plan. J’avais hérité du don d’actrice de ma mère, et déjà eu de nombreuses occasions de m’entraîner à mentir ou jouer des rôles, et je connaissais suffisamment bien ma mère pour savoir comment obtenir ce que je voulais – dans les limites du raisonnable, bien entendu -. Ainsi, à l’aide de petits yeux tristes et de mines angéliques, je parvins à la convaincre de me laisser aller chez une amie qui avait cruellement besoin de mon aide en mathématiques. J’avais commencé à faire quelques commentaires sur sa situation depuis le retour de maman. Pour dire vrai, la phase finale de ce plan ne devait se déclencher que dans quelques jours, mais je ne tenais plus, j’avais vraiment besoin d’une pause, si possible près d’un maximum de technologie, et loin de tout membre de ma famille – à part Violet, cela va sans dire. Ma pauvre amie donc ne s’en sortait vraiment pas et ses parents la menaçaient de l’envoyer deux mois entiers en cours de soutien, quel enfer… J’en profitais pour souligner subtilement qu’à côté de ça, ils étaient franchement pas mal comme parents – flatter son égo de maman ne peut pas faire de mal, et de bonne humeur elle sera plus encline à être clémente envers moi -. Je commentais aussi qu’aller passer du temps à l’aider n’était pas vraiment dans mon programme de vacances, mais elle en avait vraiment besoin, et puisque de toute façon j’étais coincée ici… Finalement, au terme d’une longue conversation, je finis par obtenir d’aller passer l’après-midi dans son appartement en centre-ville pour l’aider. Je partis donc en début d’après-midi, soulagée d’avoir obtenu cette courte libération et de pouvoir échapper à la maison. Je pris donc le chemin du centre-ville, bien que n’ayant absolument aucune intention de me rendre chez mon amie. Certes, Meg n’était pas une lumière en maths, mais ce n’était pas vraiment son genre de me demander des cours particuliers pendant les vacances d’été. En revanche, il y avait un cyber café près de chez elle qui semblait particulièrement attrayant après ces 48h sans approcher d’un écran. Je souris et fis un bref salut au gérant, qui commençait à me connaître - les limitations de temps et privations d'ordinateurs commençaient à être une habitude pour mes parents - et allai m'installer à mon poste habituel, vers le fond de la salle. J'allumais l'ordinateur avec un petit frisson d'excitation - oui, je commençais vraiment à être en manque et j'avais vraiment besoin de me détendre -. Accaparée par mes diverses occupations simultanées, je ne fis pas attention au jeune homme qui s'était installé à côté de moi, jusqu'à ce que celui m'interrompe. « Euh... Je... Excusez-moi de vous déranger mais est-ce que vous pourriez m'aider ? » me demanda-t-il, l'air assez perdu il faut dire. Je lui souris gentiment - oui, j'étais décidément de bien meilleure humeur depuis que j'étais arrivée - avant de jeter un œil à son écran en haussant légèrement les sourcils, surprise par le désordre complet de ses pages. Je reportai à nouveau mon attention sur lui. « Je peux, mais pour commencer, tu peux me tutoyer, et il faudrait que tu m'expliques ce que tu cherches à faire, parce que là, c'est pas vraiment évident. » répondis-je tout en montrant son écran avec un sourire, me moquant gentiment. « D'accord je te vouvoie alors. Je voulais ouvrir un truc qui s'appelle Skype alors j'ai cliqué sur pleins de carrés avec des dessins dedans maïs j'ai ouvert pleins de ... » Il semblait chercher ses mots, de toute évidence, il avait vraiment du mal avec les ordinateurs. Je gardais les yeux fixés sur les yeux, les sourcils légèrement froncés, attendant qu'il finisse ses explications. « Carré encore plus grands ? » Je souriais, me retenant de rigoler - pas par moquerie, mais parce que c'était mignon, un peu comme devant un enfant qui apprend, toutefois je me doutais que dans une telle situation, c'aurait été assez déplacé. Je lui réponds gentiment : « Tu veux sans doute parler des fenêtres. Donc, on va commencer par fermer toutes ces fenêtres justement. » Je rapproche un peu mon siège, pour mieux voir l'écran, puisque de toute évidence, nous allions en avoir pour un petit peu de temps. « Il y a une croix en haut à droite, tu vois? » Toutefois, vu le nombre de fenêtres, il allait sans doute falloir passer par le gestionnaire des tâches, mais je préférais y aller doucement, étant donné sa visible ignorance dans ce domaine. Il acquiesça, semblant essayer de se concentrer pour bien comprendre et apprendre les gestes. « On va cliquer dessus c'est ça ? » demanda-t-il. « Oui, c'est ça. Tu cliques sur la croix pour fermer les fenêtres, on appelle aussi ça des pages quand c'est internet. » J'avais décidément bien fait d'y aller doucement, il semblait complètement perdu. Il était aussi probablement étranger, et ne semblait pas maîtriser les termes, même de base, liés aux PCs. Je décidai de le laisser fermer une ou quelques pages, avant de remettre moi-même l'ordinateur à zéro. Ce serait sûrement plus simple et beaucoup plus utile de lui apprendre comment allumer le PC et lancer directement skype, plutôt que de lui apprendre à récupérer l'enchaînement d'erreurs qu'il venait de commettre, et qui demanderait beaucoup plus de temps et de connaissances vu l'état du PC. Je pris donc les choses en main et fermais toutes les applications en quelques secondes. « C'est bizarre quand même un ordinateur. » Je me retournais vers lui avec un petit sourire et lui répondis « Disons que c'est particulier. » tout en éteignant l'ordinateur. Je repris alors mes explications avec un sourire. « Bien, alors ce qu'on va faire, c'est t'apprendre toutes les étapes à partir du moment où tu arrives devant ton ordinateur pour que tu puisses mettre skype tout seul, et éviter le massacre comme tout à l'heure. Nous commençons donc par allumer l'ordinateur, et l'écran. » Tournée vers lui, je le regardais attentivement pour m'assurer qu'il suive bien, et commençai par lui montrer le bouton pour allumer l'unité centrale et celui de l'écran. « C'est bon ? » demanda-t-il avec un malaise évident. Il semblait décidément très peu sûr de lui, ce que je trouvais étonnamment attendrissant. Je lui répondis doucement : « C'est parfait. Etant dans un cybercafé il faut que tu mettes les identifiants qu'on t'a donnés. » Espérant que ça l'aide à se décontracter, je décidai de me tourner vers un sujet autre que les ordinateurs. « Et sinon, avec qui tiens-tu tant à discuter? »

u.c.